Langues et littératures médiévales en Europe


Texte de Ivan GOBRY, extrait in La Civilisation Médiévale.



Quand, à la fin du premier millénaire avant notre ère, les Romains entreprirent de conquérir le nord de l’Italie, puis l’Espagne du nord et de l’ouest, enfin la Gaule et la Bretagne, toutes ces régions de l’Occident étaient peuplées de tribus celtiques, Cisalpins, Gaulois, Bretons, auxquels ils inculquèrent si bien leurs coutumes et leur langue, que celle-ci prévalut au point que les langues celtiques parlées sur ces territoires disparurent. Le Gaulois, qui était l’idiome le plus répandu à l’occident du continent, n’a laissé un souvenir que dans la toponymie. Dans l’île de Bretagne, où les Romains avaient installé une occupation passagère et des institutions insuffisamment profondes, le breton subsista jusqu’au Ve siècle ; mais l’invasion anglo-saxonne le réduisit au silence : les Bretons qui réussirent à fuir débarquèrent en Armorique, seul lieu d’Occident où l’on parlât encore le gaulois, et ce fut à leur tour de dominer un peuple qu’ils avaient occupé pacifiquement, et qui adopta leur parler ; le gaulois disparut d’Armorique pour laisser place au Breton, qui s’y est conservé comme dans son ultime réduit, se diversifiant en plusieurs dialectes.

Le reste de l’Occident, entre le Rhin et la Méditerranée, parla latin. Cette culture imprégna d’autant plus les populations que toutes les cités furent bientôt converties au christianisme, qui était enseigné dans ce parler.

L’allemand

Quand les Barbares venus de Germanie submergèrent l’Empire, ils furent à leur tour gagnés par cette religion, et eurent besoin en outre, n’ayant pas eux-mêmes d’écriture, d’une langue administrative écrite ; les Burgondes, les Goths, les Francs, les Lombards perdirent comme les Celtes l’usage de leurs langues nationales.

Cependant, au IVe siècle, les Goths, convertis au Christianisme par les Grecs, mais n’ayant pas encore été initiés à leur langue, connurent le Nouveau Testament dans la version gotique pratiquée par l’évêque Wulfila. Mais, installés ensuite sur le pourtour de la Méditerranée latine, ces populations des rives de la Baltique abandonnèrent définitivement leur langue.

Au début des grandes invasions, les langues germaniques constituaient trois familles : le germanique oriental, ou gotique (Ostrogoths, Wisigoths, Vandales, Suèves), qui disparut dès le Ve siècle ; le Germanique septentrional, ou nordique issu du norois, ou scandinave commun, et diversifié ensuite en groupe oriental (suédois, danois, norvégien de la Baltique ou Riksmaal) et un groupe occidental (norvégien océanique ou landsmaal, et islandais). Loin de la culture latine, le nordique se développa et produisit à partir du Xe siècle une véritable littérature, d’abord avec des chants populaires et des épopées, puis, au XIIIe siècle avec les œuvres courtoises imitées de la latinité.

Le germanique occidental se différencia dès le Ve siècle en trois langues : l’anglo-saxon ; le frison, qui devint le néerlandais et e flamand ; l’allemand, qui évolua dès le VIIe siècle en haut-allemand et bas-allemand. A son tour, le haut-allemand connut trois périodes : l’ancien allemand (700-1100), avec deux groupes de parlers : l’oderdeutsch (alémanique, souabe, austro-bavarois) et le mitteldeutsch (francique devenu lorrain, silésien, saxon, thuringien) ; le moyen haut-allemand (1100-1570) et le haut-allemand moderne (après 1500).

A l’est de la Meuse et au nord des Alpes, en Austrasie, en Bavière, en Thuringe, les peuples latinisés gardaient en famille l’usage de leur langue originelle.

Le germanique, sous sa forme francique, acquit un aspect officiel quand, en 842, deux des fils de Louis le Pieux, Louis le Germanique et Charles le Chauve, firent alliance contre leur frère aîné Lothaire. Pour être compris de leurs troupes, qui ignoraient le latin, ils prononcèrent devant elles un serment de fidélité, l’un en roman, l’autre en germanique.

Nous connaissons par un manuscrit provenant de l’abbaye de Tegernsee en Bavière l’alphabet runique, dont on se servait dans les pays germaniques avant l’introduction de l’alphabet latin, qui fut employé définitivement à partir de Charlemagne.

Au XIIe siècle, les auteurs allemands, malgré la richesse de leurs traditions épiques, regardent surtout vers la France, dont ils traduisent ou utilisent les chansons de geste. On voit apparaître des romans courtois qui sont des pastiches des romans français.

C’est alors que renaît, vers 1200, la fastueuse épopée des Nibelungen sous la forme d’un long poème en strophes de quatre vers.

Plus composite encore est l’épopée de Gudrun, écrite dans le premier quart du XIIIe siècle, et qui associe à deux sources germaniques, une source irlandaise.

En même temps que l’épopée typiquement germanique, mais déjà teintée, avec Gudrun, de tradition celtique, se développe tout un cycle issu des légendes celtiques et inspiré des auteurs français. L’initiateur de ce mouvement est Henri de Veldeke (mort vers 1200), originaire du pays de Maestricht, intermédiaire entre la Flandre, à ce moment française, et la Germanie. Son œuvre personnelle est peu importante. Mais il engendra toute une postérité littéraire, s’exprimant en moyen haut-allemand. Hermann von Aue (mort en 1235), de Souabe, écrivit un Iwein ou le Chevalier au Lion, imité entièrement de Chrétien de Troyes. Wolfram von Eschenbach (mort en 1220), chevalier qui vécut à la Cour du landgrave Hermann de Thuringe, est célèbre pour son Parzival, inspiré de Chrétien de Troyes et d’un autre poète qu’il désigne lui-même comme Guyot de Provins ; l’inspiration en est profondément chrétienne.

Parallèlement à l’épopée, et toujours sous l’inspiration de poètes français, se développe le lyrisme courtois, sous la protection de princes mécènes.

Ce grand mouvement, épique et lyrique, retombe dès la seconde moitié du XIIIe siècle.

L’anglais

Les Bretons, vaincus sur l’île de Bretagne au Ve siècle, furent soit assimilés progressivement par les vainqueurs anglo-saxons, soit réfugiés dans le Pays de Galles, soit émigrés en Armorique. Sur l’Heptarchie régna un dialecte bas-allemand commun aux Jutes, aux Saxons et aux Angles, et qui, la paix étant établie et l’écriture enseignée par les Apôtres chrétiens à leurs convertis, produisit une poésie épique en anglais primitif.

A coté de ces poètes anonymes, d’autres se font un nom.

Alfred le Grand (871-901), le vainqueur des Danois, fut un lettré et s’entoura de lettrés. Et pour la première fois en 1020, la Bible fut traduite en anglo-saxon.

Cet essor de la langue anglaise fut interrompu par l’établissement, dans île, de Guillaume le Conquérant et de ses barons, qui développèrent la littérature latine et imposèrent la langue romane, qui devint alors la langue officielle de l’Angleterre. Geoffroy de Monmouth, Gallois, écrivit en latin au XIIe siècle, une Histoire des rois de Bretagne, qui popularisa le cycle d’Arthur et les chevaliers de la Table Ronde. Ce fut ainsi que les légendes celtiques furent connues en Grande-Bretagne en passant par un modèle français.

Au XIIIe siècle naît une poésie lyrique colportée par des ménestrels semblables aux trouvères français, qui créent le genre anglais de la ballade. La dynastie angevine des Plantagenêts ayant succédé à la dynastie normande, le français était resté jusque-là langue officielle du royaume ; mais Edouard III, ayant rompu son lien de vassalité à l’égard des rois de France, signa en 1362 une ordonnance qui rétablissait l’anglais dans cette fonction. Cette décision constitua pour la littérature de langue anglaise un encouragement qui ne porta pas tous ses fruits, le goût des lettres étant tombé en décadence.

Elle rendit cependant une certaine vie à l’école traditionnelle de poésie d’origine anglo-saxonne, qui produisit quelques poètes de talents, dont Guillaume de Langley.

A cette poésie fondée sur l’accent tonique, et qui emploie systématiquement l’allitération, s’oppose la poésie de tradition française, qui utilise la rime. Elle produisit au XIVe siècle deux auteurs éminents : John Gower (1325-1408) et Geoffrey Chaucer (1340-1400).

La nouvelle poésie se détache ainsi du sentiment religieux pour revêtir des aspects anecdotiques et contemporains.

En prose, les sujets sont variés.

Au XVe siècle, la poésie, après ce vif éclat passager, retombe dans la médiocrité.

Ce fut l’Ecosse qui, en ce siècle, produisit les poètes les plus remarquables.

Ce sont encore des ecclésiastiques qui se montrent, au XVe siècle, les maîtres de la prose anglaise.

Cependant, si la gaulois s’était tu, et si le breton était prohibé dans les royaumes anglo-saxons, la langue celtique n’était pas morte. Il restait encore quatre ethnies celtiques, dont l’idiome devait subsister : les Irlandais, les Gallois, les Ecossais et les Bretons armoricains.

Le français

Le français est issu du roman, lui-meme déformation et simplification du latin populaire, importé par les soldats et les marchands, et qui évolua, contrairement à celui des administrateurs à l’époque de l’occupation romaine, puis de la liturgie à l’époque de l’implantation chrétienne. Les envahisseurs barbares, Francs, Burgondes, Wisigoths, vainqueurs mais très minoritaires, ne purent imposer leur langue à la population gauloise latinisée ; ce furent eux au contraire qui se fondirent linguistiquement dans cette population, non sans avoir influencé la langue nouvelle en voie de constitution, dans la prononciation, le vocabulaire et la syntaxe.

Dès le IXe siècle, le roman, qui a fait du latin une langue analytique, avec seulement une déclinaison sommaire à deux cas, un usage généralisé du pronom personnel (suivant en cela le latin décadent) et suscitant l’article devant les substantifs, est établi à partir du IXe siècle. Son premier monument est précisément celui du fameux Serment de Strasbourg, où le texte roman apparaît jumelé au texte germanique.

Au cours de son évolution qui va le mener du roman au français, la langue nationale se diversifie en dialectes, classés symboliquement par la façon de dire oui ; au nord de la Loire, ceux de la langue d’oil : wallon, picard, normand, champenois, lorrain, franc-comtois, bourguignon, angevin, poitevin (celui-ci au sud de la Loire), et le parler d’Ile-de-France, ou français, qui devait supplanter les autres en sa qualité de langue de la monarchie et langue de l’administration ; au sud de la Loire, ceux de la langue d’oc : auvergnat, limousin, gascon, querciniol, bas-languedocien, et surtout provençal, devenu une langue par son usage littéraire, et lui-même divisé en plusieurs variétés.

Comme chez la plupart des peuples, le premier monument de la langue française ont été ceux de la poésie religieuse, doublets des légendes liturgiques ou de l’hagiographie latine, puis aussitôt ceux de la poésie épique, célébrant les héros nationaux.

Au XIe siècle apparaissent les Chansons de geste, c’est-à-dire des poèmes qui racontent les hauts faits (en latin gesta) des ancêtres. Ils sont, dans les langues romanes, les premiers et les plus achevés, qui ont servi de modèles aux autres auteurs. Au début du XIIIe siècle, le classement des chansons de geste établi par Bertrand de Bar-sur-Aube comporte trois cycles : 1. Le cycle du roi, c’est-à-dire de Charlemagne. La plus célèbre en est la Chanson de Roland. 2. Le cycle de Garin de Monglane, appelé plus légitimement Cycle de Guillaume d’Orange, car il a pour personnage central un preux tout à fait historique, Guillaume de Gellone. 3. Le cycle de Doon de Mayence.

A ces trois cycles s’ajoutent d’autres non répertoriés, qu’on pourrait grouper sous l’appellation « Cycle des Croisades », où les personnages historiques sont dilués dans les aventures imaginaires.

Au XIIe siècle, naît un genre nouveau, qui relève de l’évolution de la société, le roman diversifié. A la différence des chansons de geste qui, comme leur nom l’indique, étaient destinées à être chantées devant un public, les romans sont écrits pour être lus. Une première catégorie, qu’on peut appeler antique, est composée d’imitation des œuvres grecques.

Plus célèbres furent les romans du cycle d’Arthur, qui donnent au roi des Bretons une carrière exceptionnelle, secondé par les douze chevaliers de la Table Ronde. L’essentiel de ces légendes fut d’abord rapporté par Geoffroi de Monmouth dans son Historia regum Britanniae (1135) puis traduit vingt ans plus tard en français par Robert Wace sous le titre de Roman de Brut. La lescture de cet ouvrage inspira Chrétien de Troyes (mort en 1191), qui se révéla le plus grand romancier du Moyen Age, et fut l’un des propagateurs de l’idéal de l’amour courtois.

Chrétien a lancé ainsi le cycle du Graal.

La poésie lyrique est représentée par les jongleurs, qui vont de château en château, trouvères et troubadours.

L’amour courtois, après avoir envahi le lyrisme et le roman, en arrive à traiter de l’art d’aimer lui-même. La plus vaste composition de ce genre est le Roman de la Rose, formidable poème allégorique du XIIIe siècle. La première partie est due à Guillaume de Lorris vers 1225. Jean de Meung se chargea, entre 1265 et 1270, de lui donner une suite.

Un autre roman contemporain, écrit surtout par des auteurs anonymes, s’est acquis la faveur des lecteurs, malgré l’absence de recours au fait religieux, à cause de sa nouveauté et de son coté burlesque ; c’est le Roman de Renart, composé entre 1176 et 1250.

C’est le même esprit qui inspire les fabliaux.

Tous ces divertissements profanes n’écartent ni ne méprisent la narration religieuse, mais se juxtaposent à elle. Celle-ci consiste encore dans l’hagiographie.

Le mélange de sacré et de profane se retrouve dans le théâtre, qui, au XIIe siècle, s’installe sur le parvis de l’église, pour représenter d’abord des drames d’inspiration biblique. Aux XIIIe et XIVe siècles s’épanouissent les miracles, interprétés par les troupes théâtrales spécialisées et subventionnées par des associations pieuses, les puys ; aux XVe et XVIe siècles, ce sont les mistères, qui rassemblèrent les foules.

A coté du théâtre dramatique, le théâtre comique. Au XIVe siècle, les soties étaient des pièces burlesques qui servaient de divertissement à certains jours de fête.

Les auteurs médiévaux se spécialisèrent habituellement dans des genres précis. L’un d’entre eux fait figure d’écrivain universel. C’est Jean Rutebeuf (mort en 1285).

Les XIVe et XVe siècles montrent une décadence dans la forme et un manque d’imagination.

En ces siècles de poésie conventionnelle, une place à part revient à François Villon (1431-1470 ?).

L’espagnol

La formation de la langue espagnole est due à des sources fort diverses : le latin, qui en est la langue mère, et qui était celle des Romains nés en Espagne ; le gothique, langue germanique du conquérant wisigoth, qui s’effaça au nord, dès le début de la période carolingienne, devant le français, introduit d’abord par la conquête sur les Maures, puis par les pèlerinages et les fondations monastiques ; l’arabe au sud, qui sera jusqu’au XIIe siècle langue dominante, au point que la population de souche devra l’employer journellement, et qui laissera dans le vocabulaire, tant courant que topologique et scientifique, une abondance de mots.

Il ne subsiste, en espagnol archaïque, qu’une seule pièce, écrite au XIIe siècle, le Mystère des rois mages. Du fameux Poème du Cid, d’un auteur anonyme, qui célèbre les exploits de Rodrigue Diaz de Bivar (1030-1099), surnommé par les Maures Said (le chef), il n’en reste qu’un manuscrit du XIVe siècle, en partie mutilé, mais qui date probablement du XIIe siècle.

Au XIIIe siècle, c’est encore l’influence française qui inspire Gonzalo de Berceo. Alphonse X le Sage, roi de Castille et de Léon, est le premier prosateur.

Au XIVe siècle apparaît un auteur plus original, Juan Ruiz (1283-1350), archiprêtre de Hita en Castille.

A coté de ce clerc, nous trouvons un grand seigneur, Juan Manuel, prince de Castille (1282-1348).

Au XVe siècle, un autre grand seigneur, Henri d’Aragon (1384-1434), petit-fils du roi Henri II, écrivit sous le pseudonyme du marquis de Villena une œuvre variée.

Le Romancero, qui atteindra sa plénitude au XVIe siècle, fait son apparition. Il s’agit d’un genre populaire.

Juan de l’Encinna (1469-1529), surnommé « le père du théâtre espagnol », inaugura tardivement ce genre avec des pièces légères et bucoliques.

La langue catalane, qui prend son essor au XIIIe siècle, subit peu l’influence du castillan, mais surtout du provençal, car les troubadours de langue d’oc sont nombreux à chanter outre-Pyrénées. En ce siècle, l’auteur le plus important est Raymond Lulle (Ramon Llull).

Au XIVe siècle, l’influence de l’Italie devient prépondérante.

Le portugais, à son origine, ne fait qu’un avec le galicien, ce dialecte du nord-ouest de l’Espagne, pour s’en séparer au XIIe siècle.

L’italien

L’italien fut la dernière des grandes langues européennes à naitre et la première à se forger. L’abondance du clergé et des monastères, la prépondérance de Rome donnaient au latin une sorte de droit de priorité sur les langues profanes, de sorte que, si un parler populaire de type roman était employé oralement, et avait même supplanté le tudesque parlé par les Lombards, aucun usage écrit n’en avait été tiré. Par ailleurs, au même moment où une poésie spontanée aurait pu jaillir de la formation de cette langue orale, c’est-à-dire au XIIe siècle, les troubadours provençaux parcourant la péninsule, donnaient aux habitants le goût de ces cantilènes et de ces chansons d’amour.

L’italien, tel qu’il était en passant du parler à la langue écrite, c’est-à-dire à la fin du XIIe siècle, comprenait autant de dialectes que de régions.

L’empereur Frédéric II (1194-1250), qui était en même temps roi de Sicile, amoureux du beau parler de ses sujets, voulut instaurer une langue poétique qui fut celle de toute l’Italie. Cette décision provoqua certes une purification de la langue, mais ne fournit à la poésie que des maitres sans génie.

A Florence, au contraire, dans la seconde moitié du XIIIe siècle, dans la spontanéité qui nourrissait la richesse, la perfection littéraire s’épanouit librement, et permit à une série d’auteurs éblouissants de faire du toscan la langue littéraire de l’Italie. De cette nouvelle génération brilla tout d’abord Guido Calvacanti (1259-1300). Il fut éclipsé par l’un des plus grands génies de l’histoire littéraire, Dante Alighieri (1265-1321), qui porta à sa perfection poétique une langue nationale toute jeune, quand dans les nations voisines les genres littéraires étaient encore balbutiant.

Le chef d’œuvre qui a acquis à Dante une admiration universelle est la Divina Commedia, dont la composition occupa la plus grande partie de sa vie, puisqu’il la commença à l’age de trente-cinq ans, et ne le termina que peu de temps avant sa mort.

Le digne continuateur de Dante est Pétrarque (1304-1374), Francesco Petrarca, Toscan d’Arezzo.

Comme Dante, Pétrarque produisit en latin des œuvres philosophiques et religieuses.

La prose italienne connut sa renommée au XIVe siècle avec un contemporain de Pétrarque, Boccace (1313-1375).

A l’exemple de Dante et de Pétrarque, Boccace brula d’amour pour une dame qui lui inspira des poèmes courtois.

Au XVe siècle, les Médicis s’efforcent de continuer la renommée littéraire de Florence en protégeant et en encourageant les lettres autant que les arts. Laurent le Magnifique (1448-1492) lui-meme cultiva la poésie.

On cultiva aussi à Florence la poésie épique.

Le slave

Dernier peuple indo-européen à s’installer en Occident, les Slaves y pénétrèrent au début de l’ère chrétienne et atteignirent les limites de leur pénétration au VIIIe siècle. Le proto-slave, langue hypothétique commune à toutes les ethnies, était parlé ; il n’a laissé aucune trace. Deux langues également disparues en sont issues : le vieux-russe, en usage jusqu’au XIIe siècle, et qui est à l’origine de trois langues actuellement parlées : le grand russien, le biélo-russe, l’ukrainien ; et le vieux-slave, dit encore slavon pour la langue liturgique, et qui a donné naissance à deux nouveaux groupes linguistiques : le groupe occidental (sorabe, vieux-tchèque, polabe, kachoube, polonais) et le groupe méridional (slovène, bulgare, serbo-croate).

Du point de vue flexionnel, les salves ont gardé leur déclinaison primitive, qui comprend sept cas (huit en sanskrit). Seul le bulgare l’a perdue, alors qu’il l’avait gardée jusqu’au XIe siècle ; il en reste quelques éléments. Après le schisme qui sépara l’Eglise grecque de l’Eglise romaine, les Slaves séparés de Rome (Russes, Ukrainiens, Bulgares, Serbes) adoptèrent définitivement l’alphabet cyrillique, mais qui a subi dans ces diverses langues certaines différences ; ceux qui sont restés fidèles à Rome (Polonais, Tchèque, Slovènes, Croates) ont choisi l’alphabet latin, dans lequel les consonnes, pour rendre compte des sons spécifiques au slave (notamment chuintantes et sifflantes) ont reçu des signes diacritiques qui en transforment le son.

Jusqu’au Xe siècle, deux langues russes sont juxtaposées dans l’usage. La langue ecclésiastique, le slavon, ou vieux-slave, figée par la liturgie et l’Ecriture sainte, est la seule langue écrite ; elle reçoit un apport extérieur de Byzance, étant comme elle séparée de l’obédience romaine, et transcrit de la sorte un certain nombre d’écrivains religieux grecs.

Parallèlement, la langue populaire, qui est une langue vivante, reste parlée, mais n’en est pas moins une langue poétique, dans laquelle sont interprétés des poèmes épiques, les bylines, dont l’ensemble forme une sorte de geste russe.

A partir du XIe siècle, une certaine vie littéraire se développe à Kiev.

Kiev ayant été dévastée par les Mongols en 1239, Moscou, devenue en 1261 la capitale d’Alexandre Nevsky, devient le centre de la vie littéraire.

Le XVe siècle voit naitre une littérature variée.