L'Eglise carolingienne
La
monarchie et la réforme de l’Eglise franque
Le roi, chef de l’Eglise franque
Les Carolingiens, aussi bien Pépin que Charlemagne et Louis le Pieux, ont fait de l’Eglise non seulement un pouvoir spirituel, politique, économique et culturel très réel, mais ils lui ont procuré, en outre, une solide organisation. L’Eglise franque est étroitement soumise au monarque, aussi bien en théorie qu’en pratique. Le roi carolingien se considère comme lié à défendre et à promouvoir la foi chrétienne.
L’œuvre religieuse de Carloman et de Pépin
Cette suprématie se manifeste dès avant l’accession à la dignité royale des Carolingiens, sous la puissance des maires du palais, Carloman et Pépin, peu de temps après la mort de Charles Martel.
Le roi, chef de l’Eglise franque
Les Carolingiens, aussi bien Pépin que Charlemagne et Louis le Pieux, ont fait de l’Eglise non seulement un pouvoir spirituel, politique, économique et culturel très réel, mais ils lui ont procuré, en outre, une solide organisation. L’Eglise franque est étroitement soumise au monarque, aussi bien en théorie qu’en pratique. Le roi carolingien se considère comme lié à défendre et à promouvoir la foi chrétienne.
L’œuvre religieuse de Carloman et de Pépin
Cette suprématie se manifeste dès avant l’accession à la dignité royale des Carolingiens, sous la puissance des maires du palais, Carloman et Pépin, peu de temps après la mort de Charles Martel.
Après
la grande crise de la fin du VIIème siècle et du début du VIIIème siècle, où
l’Eglise franque avait failli perdre les moyens de remplir sa mission
spirituelle, Carloman et Pépin eurent l’occasion de démontrer qu’ils avaient
pris en main eux-mêmes les destins de l’Eglise en Occident, en convoquant, le
21 avril 742, l’un de ces synodes francs qui ne s’étaient pas réunis depuis
plus de quarante ans.
Le
roi et l’autorité pontificale
L’objectif
de cette réforme était principalement le rétablissement de la hiérarchie
ecclésiastique et le contrôle, de haut en bas, des différents niveaux de
l’organisation religieuse. A ce propos, une divergence de vues assez nette se
manifesta, au synode de Soissons, entre les missionnaires anglo-saxons,
conduits par saint Boniface, et l’épiscopat franc, dominé par l’aristocratie.
Il était apparu que, dans l’esprit de Boniface, le rétablissement de la
hiérarchie ecclésiastique devait aboutir, par l’installation d’archevêques
directement rattachés au pape, à une subordination complète de tout le clergé
franc à l’autorité pontificale. Le synode empêcha l’établissement archevêques à
Rouen, Reims et Sens, et Pépin, abandonnant saint Boniface après avoir reçu de
lui, sur ordre du pape, l’onction comme premier roi carolingien, prit en main
lui-même, dès 755, la poursuite de la réforme, mais selon des méthodes plus
souples.
Rétablissement
de la hiérarchie ecclésiastique
Le
rétablissement des provinces ecclésiastiques et des sièges métropolitains fut
remis à plus tard. L’œuvre fut réalisée seulement sous Charlemagne, est assez
lentement. Entre-temps, les évêchés étaient devenus plus nombreux, et Pépin
comme Charlemagne avaient veillé au fonctionnement régulier de l’institution
épiscopale et surtout au renforcement de l’autorité des évêques.
Les
évêques, auxiliaires du roi
Ceux-ci,
en effet, furent, au même titre que les comtes, considérés par les Carolingiens
comme des fonctionnaires publics. Aussi, lorsque la génération évêques formés
au temps de saint Boniface s’effaça vers 780, seuls des hommes choisis par le
souverain et qui lui étaient étroitement dévoués accédèrent désormais à
l’épiscopat. Ils furent généralement choisis parmi les membres de
l’aristocratie. Les multiples obligations mondaines et administratives imposées
par le souverain aux évêques ont du les détourner souvent de leur fonction
religieuse.
Clergé
rural et églises privées
La
situation du bas clergé n’était certainement pas meilleure, surtout à la
campagne, où les prêtres vivaient dans des conditions matérielles précaires. D’autre
part, la majorité des églises rurales à l’époque carolingienne ont été des
églises privées. Cela veut dire non seulement qu’elles étaient érigées à
proximité de la maison du maître, parfois au détriment d’une église paroissiale
préexistants, située à quelque distance et qu’on laissait dès lors tomber en
ruine. Agobard de Lyon atteste qu’aucun état social n’était en ces temps aussi
instable que celui des curés : « Pour un oui, pour un non, leur maître
les renvoie ».
Charlemagne
et la formation des prêtres
Aussi
les efforts de Charlemagne pour améliorer la formation des prêtres ont-ils été
constants et souvent désespérés. Le minimum de connaissances requis des prêtres :
connaître et comprendre l’oraison dominicale et le Credo, être capable
de les enseigner aux fidèles, puis, dans un second degré, connaître le
pénitentiel, le calendrier, les homélies convenant aux jours fériés, le
« chant romain », etc.
Pratique
religieuse et vie morale
De
fait, ces efforts demeurèrent largement inefficaces. L’observation du repos
dominical semble avoir été très difficile à implanter. De nombreux capitulaires
donnent à penser que la conduite morale des prêtres était loin être exemplaire.
Il
importe cependant de répéter que Charlemagne et, plus rigoureusement, Louis le
Pieux ont déployé une grande diligence pour remédier à ces défauts. Ce qui
amena certains prélats à ce consacrer davantage à la surveillance et à a
formation du clergé inférieur.
Clercs
et moines
Moines
ruraux et clercs citadins
Les
réformes ou tentatives de réformes en matière ecclésiastique des premiers rois
carolingiens visaient en premier lieu au rétablissement de la hiérarchie
ecclésiastique, afin que seul le clergé séculier s’occupe de propager
l’évangélisation. Or depuis le VIIème siècle, indépendamment de la hiérarchie
ecclésiastique ordinaire établie dans les « cités », des monastères
fondés par des missionnaires irlandais et anglo-saxons avaient entrepris
l’évangélisation des régions rurales au nord de la Loire. Pépin, puis
Charlemagne, Louis le Pieux enfin, se sont donc efforcés, progressivement de
mettre de l’ordre dans cette situation embrouillée, de rétablir la distinction
entre « moines » et « clercs », et de proposer en même
temps aux uns et aux autres une définition plus claire, plus stable et souvent
nouvelle, de leur tache et de leur statut.
Réforme
du clergé épiscopal : les chanoines
Dans
cet esprit, Pépin et Charlemagne se sont d’abord intéressés au clergé des
cathédrales, c’est-à-dire aux « clercs » vivant dans l’entourage de évêque,
en favorisant notamment leur vie en commun. Les clercs soumis à une telle règle
étaient dit canonici, chanoines.
L’habitat
canonial
Cette
réforme du clergé épiscopal fut un évènement d’une grande portée pour le destin
d’un certain nombre de villes françaises : la vaste superficie des
constructions nouvelles édifiées pour les chanoines en modifia parfois
notablement la topographie. La création d’un nouveau quartier clérical obligea
souvent les anciens occupants, c’est-à-dire toute une partie de la population laïque,
à chercher un nouvel habitat en dehors de l’ancienne « cité ». Cette
extension de la propriété ecclésiastique à l’intérieur des murs de la ville
rendit possible la construction d’immenses cathédrales aux XIIème et XIIIème
siècles.
Réforme
du monachisme
Les
Carolingiens, principalement Charlemagne et Louis le Pieux, ont voulu donner
une orientation nouvelle au monachisme en mettant fin à l’activité pastorale et
évangélisatrice que les moines exerçaient depuis près de deux siècles. Pour
cela, ils ont mené une action vigoureuse tendant à imposer uniformément la
règle de saint Benoît.
Renouveau
monastique en Aquitaine
Ce
fut des régions au sud de la Loire, où, à l’époque de Charles Martel et de
Pépin, toute vie monastique avait été éteinte, que partit, après le
rétablissement de l’ordre public par Charlemagne, le renouveau monastique. Sous
Louis le Pieux, il s’étendit aux autres parties de l’Empire. La renaissance du
monachisme, à l’initiative en grande partie de Charlemagne, avait pour but
premier la consolidation du pouvoir politique franc dans cette région
d’Aquitaine longtemps indépendante et rebelle. Il s’agissait, en second lieu,
de mettre le monachisme aquitain au service d’une œuvre de colonisation
intérieure. Le monastère d’Aniane, sous la direction de son illustre abbé Benoît,
qui devait être le conseiller de Louis le Pieux et le véritable auteur de la
réforme monastique, joua dans cette immense entreprise de défrichement un rôle
pionnier.
Benoît
d’Aniane, restaurateur de la règle bénédictine
Cette
concrétisation spectaculaire de l’idéal monastique carolingien dans le royaume
aquitain de Louis le Pieux se trouva donc placée sous le signe de l’observance
de Benoît d’Aniane, restaurateur de la règle bénédictine stricte dans les
monastères aquitains et languedociens. Dès l’avènement de Louis le Pieux à
l’Empire, en 814, celui-ci installe, en effet, l’abbé d’Aniane à la cour
d’Aix-la-Chapelle. Deux ans plus tard, au synode d’Aix-la-Chapelle de l’été
816, l’empereur promulgue un capitulaire « monastique », parallèle à
celui destiné aux chanoines, et préparé en grande partie par Benoît d’Aniane.
Uniformité
et unité : l’idéal de Louis le Pieux
Ce
capitulaire imposait uniformément dans tout l’Empire un texte rigide de la
règle bénédictine. Plusieurs monastères de « moines », voulant rester
fidèles à leurs traditions et usages, et désireux de se soustraire à la
rigidité nouvelle ainsi qu’à l’uniformisation, prirent le caractère de
monastères de « chanoines ». Aussi Benoît d’Aniane se vit-il dans
l’obligation de faire contrôler et surveiller chaque abbaye. A cette fin, Louis
le Pieux mit à sa disposition l’institution des missi, tout
naturellement, puisque l’unité de l’Eglise constituait à ses yeux une condition
préalable à l’unité de l’Empire, que l’empereur proclama en 817.
On
peut dire, pour conclure, que c’est l’Eglise qui fut finalement bénéficiaire de
ce rapprochement : par l’action des Carolingiens, elle devint
l’institution robuste qui survécut aux troubles du IXème siècle, auxquels
l’Empire lui-même succomba.