6 juin 848 : Charles II le chauve, enfin sacré roi !
Le
6 juin 848, Charles, le dernier fils de l'empereur carolingien Louis Ier le
Pieux, est sacré roi de Francie occidentale, cinq ans après avoir reçu sa couronne.
Ce petit-fils par son père de Charlemagne doit en partie à sa mère, Judith de
Bavière, la défense de sa part d’héritage.
Lorsqu’il
naît en 823, Charles doit faire face à l’opposition de ses demi-frères. A la
diète de Worms (829) puis lors du partage de 831, Judith obtient, pour son
jeune fils, un territoire propre qui comprend l’Alamanie, l’Alsace, la Rhétie,
la majeure partie de la Bourgogne, de la Provence, de la Gothie et de divers pagi de l’est de la France. En 832, s’ajoute
l’Aquitaine. Les fils ainés de Louis le Pieux s’insurgent contre cette dotation.
Ils déposent leur père et font enfermer Charles à Tortone en Italie (833). Mais
l’empereur restauré dès l’année suivante, resté sous l’influence de Judith,
constitue en faveur de Charles une importante dotation territoriale. En 837,
à l'assemblée d'Aix-la-Chapelle, son père lui accorde les territoires
côtiers situés entre la Frise et la Seine. En 838, il
obtient un territoire assimilé à un royaume incluant le Maine et la
région comprise entre la Seine et la Loire. En 839, le 28
ou le 30 mai, à l'assemblée de Worms, Louis le Pieux lui donne
une partie de la Francie occidentale comprise entre la Meuse et
la Seine, l'ouest et le sud de la Bourgogne, la Provence, la Neustrie,
la marche de Bretagne, le royaume d'Aquitaine, la Gascogne
et la Septimanie.
Mais
lorsque l’empereur disparaît en 840, Lothaire prétend à la succession entière.
Charles s’allie alors à Louis le Germanique et l’emporte sur Lothaire et Pépin
II à la bataille de Puisaye en 841. Le 14 février 1842 0 Strasbourg, par des serments
solennels (premiers échantillons de langues française et allemande), d’en finir
d’avec Lothaire. Néanmoins, il accepte la paix proposée par Lothaire sur la
base de ce qui restera dans l’Histoire le célèbre traité de Verdun en 843. L’empire
est divisé en trois : Charles reçoit la Francia occidentalis. C’est la fin de l’unité de l’empire. Mais il
ne peut assoir son autorité en Bretagne et Aquitaine. Après son sacre, il pénètre
en Aquitaine. Charles fait couronner en 855 son fils comme roi d’Aquitaine afin
de satisfaire les tendances autonomistes des Aquitains. En Bretagne, Charles
est obligé de reconnaître le titre royal à Erispoé (851).
Au
même moment, à la faveur de ces troubles, les Normands multiplient leurs
incursions ; et Louis le Germanique envahit les Etats de Charles en 858.
La fidélité du clergé, menée par l’archevêque Hincmar, sauve le roi de Francis occidentalis.
La paix rétablie vaut à Charles un certain regain de prestige et un regain d’autorité.
En
861, Charles confie le comté d’Anjou et le commandement entre Seine et Loire à
Robert le Fort, en charge de tenir tête au roi des Bretons, aux Normands de la
Loire et à Louis le Bègue, soulevé contre son père. Le roi Charles, par son
intervention et l’appui de Robert, chasse les Normands de la vallée de la Seine,
mate les révoltes aquitaines et soumet à l’obéissance son fils, Louis. Peu
après, à la mort de Lothaire II, il envahit la Lotharingie. Un ultimatum de Louis
le Germanique l’amène à négocier le partage de la Lorraine. Lorsque Louis II,
roi d’Italie, meurt à son tour en 875, Charles le Chauve occupe et annexe la
partie de la Provence qui lui appartenait, puis vient à Rome se faire sacrer
empereur le 25 décembre. En février 876, il est élu roi d’Italie.
Les
deux dernières années de sa vie sont une suite d’échecs. A la mort de Louis le
Germanique veut mettre la main sur ses états mais est mis en fuite par Louis le
Jeune. Charles est également sollicité par le pape Jean VIII pour s’opposer aux
razzias sarrasines. Charles, en route pour l’Italie, apprend que des révoltes ont
éclaté avec la complaisance de Louis le Bègue. Le roi fait alors demi-tour mais,
épuisé par une vie de combats, meurt de la dysenterie, lors de la descente du
mont Cenis le 6 octobre 877.
Malgré
ses efforts et son tempérament énergique et infatigable, le règne de Charles est
marqué par l’affaiblissement progressif de l’autorité royale au profit des
grands qui ont constitué de véritables principautés territoriales, héréditaires
et pratiquement indépendantes. Roi cultivé, il prolonge dans les lettres et les
arts la renaissance carolingienne initiée par son grand-père Charlemagne. Il
est le dernier des grands Carolingiens.