DE 1715 à 1792: TEMPS DES LUMIERES

De la mort de Louis XIV à la convocation des Etats Généraux, La France des Lumières est en effervescence. Elle fait depuis deux décennies l'objet d'un profond renouvellement historiographique qui permet de balayer bien des certitudes et des poncifs sur l'Ancien régime. De l'expérience réformatrice des années Régence aux entreprises modernisatrices des années 1760-1780, le royaume est un laboratoire où des administrateurs dévoués au service du roi comme à celui de l'Etat inaugurent des chantiers aussi ambitieux que socialement et politiquement risqués, au premier rang desquels la refonte fiscale et la réorganisation de la monarchie administrative. Les enquêtes qu'ils diligentent nourrissent une science de l'Etat dont les enjeux et les résultats sont débattus dans toute l'Europe. Loin d'être cantonnés dans la sphère intellectuelle, gens de lettres et figures des Lumières animent l'espace public et bousculent les frontières du secret du roi. jamais pour l'époque moderne, un appareil d'Etat n'a disposé d'autant d'indicateurs ni reçu autant de projets de réformes. Pourtant, lorsqu'il s'agit de changer d'échelle, de passer de l'expérimentation limitée à l'application généralisée, le roi et ses ministres hésitent et souvent trébuchent. De fait, les craintes d'un despotisme ministériel qui sacrifierait les libertés et les droits des corps intermédiaires sont largement partagées, des métiers urbains aux magistrats des cours souveraines. De témoin, l'opinion publique devient arbitre et bientôt juge devant lequel les partisans des réformes ; et leurs détracteurs plaident. Alors que Louis XV rompt avec la représentation traditionnelle du roi de guerre pour se poser en roi de paix et en roi citoyen, serviteur du bien public, le processus de désacralisation de l'autorité monarchique devient clairement perceptible. Dans un contexte de croissance économique inégalement répartie, la société est sous tension, travaillée par des mobilités ascendantes qui bousculent les cadres de la société d'ordres, mais aussi par la fragilisation de pans entiers de la population. Sur le plan international, l'heure est également aux expériences audacieuses, de l'alliance franco-anglaise défendue par le Régent Philippe d'Orléans à l'intervention armée aux côtés des Insurgents américains en lutte contre leur souverain.


1715 01/09  : Mort de Louis XIV à Versailles. Dette publique de 2,3 milliards de livres.
La sécurité du royaume est assurée.   Louis XV le bien-aimé a cinq ans -> 1774.
Régence : Philippe II, duc d'Orléans ->1723

1716  (duc d'Orléans) : le financier écossais John Law propose un système moderne et ingénieux : émettre des billets de papier-monnaie gagés sur les actions de la Compagnie des Indes. D'abord florissant, le système permet la création rapide d'immenses fortunes, mais il s'écroule brusquement, entraînant la ruine de nombreux particuliers. N'a pas permis l'éclosion d'une banque centrale.

1717 16/05  (duc d'Orléans) : Voltaire est embastillé pour onze mois par une lettre de cachet du duc Philippe d'Orléans, régent du royaume, pour un pamphlet qui 'a pas plu.

1719  (duc d'Orléans) : courte guerre avec l'Espagne.

1720  (régent duc d'Orléans) : peste à Marseille arrivée par un bateau qui n'a pas respecté la quarantaine. Cartouche, chef d'une bande de brigands qui opèrent à Paris, est roué vif.

1721  : grande peste. Des associations de franc-maçonnerie se créent, importées d'Angleterre. Attirant des milieux assez variés, on y débat librement et sur un pied d'égalité.

1723  : épidémie de variole (petite vérole). Elle manque d'emporter Voltaire. Le roi Louis XV a atteint la majorité (13 ans). Il s'installe à Versailles. Le Régent Philippe II meurt de crise cardiaque. Fin de la Régence  Louis XV (-> 1774). Gouvernement du cardinal de Fleury -> 1743.

1724  (cardinal Fleury, Louis XV) : confirmation de la révocation de l'édit de Nantes.

1725 05/09  (Fleury) : Mariage de Louis XV et de Marie Leszczynska (Fille du roi Stanislas de Pologne) à Fontainebleau.

1726  : Voltaire est emprisonné deux semaines à la Bastille à cause de son impertinence contre la chevalier de Rohan. Puis, il se réfugie en Angleterre.

1729  (Louis XV, cardinal Fleury) : les noms des rues sont gravés au coin des immeubles.

1730  (Louis XV, cardinal Fleury) : prospérité économique -> 1778.

1735  : David Hume, philosophe écossais, empiriste et sceptique, rédige le Traité de la nature humaine à La Flèche (dans le petit château de Yvandeau). Il fréquente le collège royal de Jésuites -> 1737.

1740  : Voltaire publie les Lettres philosophiques.

1742  (Louis XV, cardinal Fleury) : Guerre de succession d'Autriche ->1748. La France s'est associée à la Prusse

17 septembre 1743 : Naissance de Condorcet.

1745  (Louis XV) : Madame de Pompadour, maîtresse de Louis XV inaugure une période de renouveau culturel à Versailles.

11 mai 1745 : Fontenoy - "Messieurs les Anglais, tirez les premiers !"

1746  (Louis XV) : un libraire parisien décide de faire traduire un dictionnaire anglais. Se prenant au jeu, les philosophes Denis Diderot et D'Alembert commencent leur Encyclopédie.

1748  (Louis XV) : Montesquieu fait imprimer L'Esprit des lois. Il a voyagé en Angleterre et reprend les idées de Locke. Selon lui, il faut distinguer et hiérarchiser les trois types de pouvoir existants (le législatif, l'exécutif, le judiciaire) qui doivent être exercés par des responsables différents qui se contrôlent mutuellement.

1748 octobre  : traité d'Aix-la-Chapelle qui met fin à la guerre de Succession d'Autriche sans grand bénéfice pour la France.

1749  (Louis XV) : Diderot arrêté (Vincennes). Buffon publie le premier volume de son Histoire naturelle.

1751  : parution du premier volume de l'Encyclopédie.  Parution du deuxième volume de l'Encyclopédie. Dénoncé par les jésuites comme une machine de guerre contre l'Eglise. L'Encyclopédie est soutenue par la maîtresse du Roi, la marquise de Pompadour.

20 février 1753 : Naissance de Berthier (Maréchal d'Empire).

1755  : Morelly écrit le "Code de la Nature", utopie socialiste décrivant une société sans Etat où les conditions économiques sont explicitement conçues comme déterminant les conditions politiques.

10 février 1755 : Mort de Montesquieu

26 mai 1755 : Le « Robin des Bois français » est roué vif !

1756 Guerre de Sept Ans. La France, alliée à la Russie et à l'Autriche, contre l'Angleterre et la Prusse (Frédéric II) ->1763.  La France (alliée aux Indiens) perd le Canada et la Louisiane.

1756 01/05  (Marie-Thérèse) : traité de Versailles avec la France s'assurant une aide réciproque en cas d'agression.

1756 juin  : prise de Port-Mahon (duc de Richelieu) occupé par les Anglais à Minorque.

1757 05/01  : Le roi est très impopulaire. Tentative d'assassinat à Versailles du roi par Robert François Damien qui sera supplicié et écartelé place de Grève.

1759  : La vente de l'Encyclopédie est interdite. Publication de Candide de Voltaire (grand succès).
1762  (Louis XV) : Parution du Contrat Social (son livre est brûlé et il doit s'exiler) et de L'Emile de Jean-Jacques Rousseau, né à Genève. La France doit céder à l'Espagne la Louisiane occidentale.

1762 mars  : Voltaire prend la plume contre l'exécution du protestant Jean Calas, exécuté (soumis à la question puis rompu vif, exposé deux heures sur la roue, puis étranglé et brûlé) par le parlement (les capitoules, magistrats de la ville) de Toulouse.

1763 : Fin de la guerre de sept ans. Le Traité de Paris enregistre la victoire anglaise sur la France qui perd le Canada. Tout le territoire à l'est du Mississipi (dont la Floride) est cédé à la Grande-Bretagne qui rend Cuba aux Espagnols. Perte des petites Antilles. La France ne garde que cinq comptoirs en Inde. La France cède la Louisiane à l'Espagne, laquelle abandonne la Floride aux Anglais.

1765  : réhabilitation posthume de Calas, défendu par Voltaire.


1766 01/07  : décapitation  du chevalier de La Barre accusé injustement de profanation. Voltaire se battra pour sa réhabilitation.

1767   : la France obtient le libre passage du détroit de Gibraltar et la liberté du commerce.


1770 : révolution industrielle, naissance des usines modernes, d'abord en Angleterre, puis en Belgique, en France, en Suisse, aux Etats-Unis, en Allemagne. -> 1830.

1770  : Louis XV soutient l'énergique chancelier Maupéou qui brise l'opposition parlementaire. Louis XV est dominé par ses maîtresses (la marquise de Pompadour, la duchesse du Barry...), le Trésor gaspillé (inauguration du coûteux opéra de Versailles), la Royauté déconsidérée.

1770 mai  (Louis XV) : mariage du dauphin avec la jeune archiduchesse Marie-Antoinette, fille de l'impératrice d'Autriche, née dans la plus élevée des familles princières d'Europe.

1771 décembre  (Louis XV): renvoi du duc de Choiseul. Maupeou devient le principal ministre. Les juges sont désormais fonctionnaires. Despotisme éclairé.

1772  (Louis XV) : l'Encyclopédie est achevée.

1774 10/05  : Louis XV meurt de la variole à Versailles discrédité.  Avènement de Louis XVI, petit-fils de Louis XV, 20 ans. Turgot contrôleur général des Finances -> 1776. Louis XVI rétablit la situation des parlementaires vaincus et exilés en 1771. (Nouveaux blocages parlementaires)

1775 mi-avril  (Louis XVI) : Guerre des Farines : troubles contre la politique libérale de Contrôleur des finances Turgot sur le commerce des grains qui augmente le prix du pain, l'aliment de base.



1775 06/11  : Sacre de Louis XVI à Reims.


1777 17/10  : Bataille de Saratoga, les Américains (général Gates) battent les Anglais (général Bourgoyne). Cette victoire incite la France à accorder son alliance aux Américains.

1778  : Guerre d'indépendance américaine (-> 1783). La France rentre en guerre directement aux côtés des colonies anglaises d'Amérique révoltées contre l'Angleterre.

1778 10/02  : Le 10 février, retour de Voltaire à Paris. Il rencontre Franklin. Mort de Voltaire. Arrivée de Mozart à Paris.

1781  (Louis XVI) : abandonné par le Roi, Necker démissionne. Les ouvriers sont soumis à une surveillance stricte (livret ouvrier).

1783  : Louis XVI nomme Calonne ministre des Finances.

1783 21/11  (Louis XVI) : A partir de la Muette, envol à bord d'une montgolfière de papier alimentée par un feu de paille de Pilatre de Rosier et du marquis d'Arlandes qui atterrit à la Butte aux Cailles qui n'est à l'époque qu'une colline campagnarde flanquée de moulins.


1785 : Affaire du collier. : Pour regagner ses faveurs, le cardinal de Rohan entreprend d’offrir à la Reine un somptueux collier. Mais la Reine n’est pas la Reine (mais une escroc qui se fait passer pour une amie de la Reine et qui piège le cardinal en lui faisant miroiter un retour en grâce, le prix est exorbitant, le scandale éclate quand le joaillier réclame son dû à la vraie Reine, tandis que l'escroc est partie avec le collier) . Un scandale d’Etat commence. 


1785  : 1/08 France (Louis XVI) : La Pérouse embarque pour une expédition dans le Pacifique (île de Pâques, Hawaï, l'Alaska, Macao, Manille, les côtes de Tartarie, le Katchamka russe, les îles Samoa, l'Australie et Vanikoro où l'expédition s'abîme par une nuit de tempête.

1786  (Louis XVI) : Devant l'immensité de la dette, une solution simple s'impose, faire payer les privilégiés. Calonne propose un impôt unique et proportionnel payé par tous. Un traité de libre-échange signé avec l'Angleterre, désavantage les fabricants français moins compétitifs et accentue le chômage.

Avril 1787  : Le roi cède à ses notables. Disgrâce de Calonne qui est renvoyé par le le roi e remplacé par Brienne, l'archevêque de Toulouse. Edit de tolérance envers les protestants (Lafayette).

1788  : Le royaume traverse une crise économique et sociale. La flambée des prix (suite aux mauvaises récoltes) et la langueur des industries (en particulier le textile) approfondissent le malaise social.


1788 mai  : Le 8 mai, conflit entre l'administration absolutiste et les résistances parlementaires. Louis XVI accepte une série d'ordonnances de son le garde des Sceaux, Lamoignon, qui réduisent les pouvoirs des parlements. Résistance des parlements de province, émeutes. A Rennes, le 10 mai, des représentants du roi sont lapidés par la foule et contraints de se réfugier au palais du gouverneur.

1788 07/06  : "journée des tuiles" à Grenoble : des protestataires, dans le cadre de la fronde parlementaire consécutive à la tentative de réforme de Lamoignon, affrontent à coup de tuiles les troupes royales. Cette émeute marquante du début de la Révolution française fait 3 morts et 20 blessés dans la population et un assez grand nombre de blessés dans le régiment de Royal-Marine.

1788 21/07  : La mauvaise moisson provoque une forte augmentation des prix. La stagnation industrielle provoque la poussée du chômage. Crise financière. Endettement écrasant de l'Etat. Paroxysme de la crise de l'autorité monarchique. Assemblée de Vizille dans la salle du Jeu de Paume : des Dauphinois exigent la convocation immédiate des Etats Généraux et invitent au boycott de l'impôt.

1788 08/08  : Le Roi capitule et convoque les Etats-Généraux pour le 1er mai 1789.


1788 24/08  : renvoi de Brienne et rappel de Necker, homme providentiel, nommé directeur général des finances. Il lui revient la tâche délicate d'organiser l'élection des députés des trois ordres pour les Etats généraux. Il accorde un droit de suffrage très large, défini par le paiement d'un impôts direct équivalent à trois journées de travail, la domiciliation depuis un an dans la commune et l'âge de 25 ans. Seuls les chefs de famille, célibataire ou veufs votent (y compris les femmes).

1788 novembre  : réunion de l'Assemblée des Notables à Versailles qui statue sur la représentation des Etats généraux.

1788 27/12  : Publication de l'avis du roi. Louis XVI accepte, contre l'avis des Notables, le doublement du Tiers-Etat aux Etats Généraux (représentation à parité avec celle des privilégés, mais pas de vote par tête).

1789 janvier  : L'abbé Sieyés publie la brochure Qu'est-ce que le tiers étét ?. Elections des représentants aux Etats généraux. Le système électoral aboutit à une représentation très sélective du Tiers-Etat, formée essentiellement de possédants, le plus souvent hommes de loi [2].

1789 printemps  : rédaction des cahiers de doléances (40.000) dans les réunions provinciales qui préparent les Etats généraux. Moment clé de la politisation du pays.

1789 18/04  : émeutes à Paris, rue de Montreuil (le duc d'Orléans, franc-maçon, est soupçoné de les avoir fomentées).

1789 27-28/04  : les ouvriers du Faubourg Saint-Antoine pillent et incendient la fabrique de papiers peints de l'industriel Réveillon accusé de vouloir baisser les salaires. La troupe tire : 35 à 300 morts et arrestations.

1789 05/05  (Louis XVI) : Ouverture des Etats généraux à Versailles, institution ancienne, non convoquée depuis deux siècles (1614). Ils cristallisent vite toutes les tensions. 291 députés du clergé (211 curés et 48 évêques), 270 de la noblesse et 578 du tiers état (intelligentsia bourgeoise, surtout provinciale...). Le roi cherche une solution à la crise financière.

1789 10/06  : l'abbé Sieyès présente devant l'Assemblée des Communes (le Tiers-Etat), une motion sur la vérification des pouvoirs des députés des trois ordres par les assemblées réunies : c'est instituer la souveraineté nationale.

1789 16/06  : Les députés du Tiers Etat, rejoints par certains députés des deux autres ordres, se proclament Assemblée nationale.

1789 20/06  : Le roi fait fermer la salle de l'hôtel des Menus-Plaisirs. Les députés se rendent alors dans la salle du Jeu de Paume. Le Tiers prête le Serment du Jeu de Paume de ne pas se séparer jusqu'à l'établissement de la Constitution au royaume. Cela revient à nier la monarchie absolue.

1789 23/06  : Coup de force royal. Le roi condamne le serment du Jeu de Paume. Les députés du Tiers, sommés de se réunir par ordre, refusent. Mirabeau : "nous sommes ici par la force du peuple et nous n'en sorirons que par la force des baillonettes".

1789 27/06  : le roi cède et demande aux députés de la noblesse et du clergé de rejoindre l'Assemblée Nationale. Le roi ordonne de concentrer des troupes autour de Paris.

1789 05/07  : la censure, symbole de l'absolutisme monarchique est abolie.

1789 09/07  : L'Assemblée Nationale (les députés du Tiers-Etat) se proclame Assemblée nationale constituante sans remettre en cause la personne royale. Premier acte révolutionnaire. Fin de la monarchie absolue. La France aura une Constitution et le roi devra partager le pouvoir avec une assemblée de députés représentant la Nation.

1789 12/07  : Le roi, pressé par ses frères et Marie-Antoinette, renvoie son ministre Necker favorable aux réformes et de ce fait assez populaire. Le peuple redoute la disette et les bourgeois la banqueroute. Manifestation à Paris. Les électeurs parisiens s'emparent de l'Hôtel de Ville et y installent le comité permanent de la Commune (120 membres) qui décide de prendre les gardes français comme force armée. Au Palais Royal, appartenant au duc d'Orléans, où la police ne peut pénétrer, Camille Desmoulins harangue la foule. Les gardes s'emparent de 28.000 fusils et de 20 canons aux Invalides.

1789 13/07  : création à Paris d'une garde nationale à partir de la milice.

1789 14/07  : Pour se procurer de la poudre et des munitions en vue de leur défense, les Parisiens (800 à 3.000 gardes français sans officiers, 100 morts) attaquent au canon et s'emparent de la Bastille (garnison : 32 Suisses, 82 invalides), symbole de la monarchie absolue puisque le Roi l'utilisait comme prison. Elle ne contient en fait que sept prisonniers de droit commun. Le gouverneur de la prison, Launey, est tué. 100 morts.

1789 16/07  : Louis XVI rappelle Necker. Création de la première commune de Paris (maire : Jean-Sylvain Bailly). Emigration du comte d'Artois, frère de Louis XVI. Début de l'émigration.

1789 17/07  : Louis XVI vient à l'Hôtel de Ville où il est forcé d'arborer la cocarde tricolore. 

1789 20/07-06/08  : "Grande Peur" des paysans contre des représailles (->06/08). Sur fond de rumeurs d'attaques de "brigands" et de complot aristocratique, les paysans se retournent contre les châteaux, brûlant les archives recensant les impôts seigneuriaux. Emeutes paysannes, peut-être provoquées par les patriotes réclamant l'abolition des droits seigneuriaux sur les récoltes. Plusieurs centaines de châteaux sont pillés, notamment en Maine et Picardie. Les paysans constituent 80% des 28,5 millions de Français.


1789 29/07  : la Constituante crée sa propre police, le Comité de recherches.

1789 04/08  : Nuit du 4 août, suppression (partielle) des privilèges féodaux (servitudes personnelles : mainmorte, corvée, droit de justice, péage, chasse, pêche grenouillage : obligation de battre l'eau des étangs pour faire taire les batraciens et assurer le repos du seigneur) pour mettre fin à la Grande Peur. L'effroi devant le soulèvement des campagnes et la remise en cause des droits des propriétaires ont pesé lourd au moment d'un vote non dénué d'arrière-pensées. Suppression de la dîme (perçue par le clergé sur les récoltes, fixée en principe au dixième). Fin de l'Ancien régime. A partir de là, des mouvements révolutionnaires vont naître un peu partout en Europe.

1789 26/08  (Assemblée Constituante) : L'Assemblée nationale proclame la Déclaration des Droits de l'Homme et du citoyen (encore en vigueur aujourd'hui puisqu'elle fait partie du "bloc de constitutionnalité"). Inspirée par le Bill of rights américain. "Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droit". Mirabeau se saisit de cette phrase pur demander la fin de l'esclavage.

1789 11/09  : vote à la Constituante pour le veto relatif au roi

1789 01/10  : banquet des gardes du corps qui acclament la reine et foulent au pied (dira-t-on) la cocarde.

1789 05 et 06/10  : Journées révolutionnaires d'octobre. Expédition populaire conduite par des femmes en armes de Paris qui se rendent à Versailles , où siège l'Assemblée nationale, pour obtenir du pain et contraindre le roi à accepter les décisions de l'Assemblée. Elles contraignent le roi et Marie-Antoinette à venir aux Tuileries. Une nouvelle étape s'ouvre où tout semble possible. Louis XVI contresigne les 17 articles de la Déclaration des Droits de l'Homme.

1789 02/11  : les biens ecclésiastiques sont à la disposition de la Nation (malgré l'opposition de l'abbé Maury).

1789 12/12  : décret de création des départements, districts et communes dont les rouages administratifs sont uniformes.

1789 14/12  : création des assignats (sorte de bons du Trésor émis par la Caisse de l'extraordinaire, alimentée par la vente des biens du clergé).

1790 15/01  : création d'une circonscription unique, le département (83 départements).

1790 février  : Le 13 février, suppression des ordres religieux. Le 26 février, les provinces sont remplacées par des départements.

1790 15/03  : Suppression des droits seigneuriaux personnels, abolition du servage.

1790 18/04  : émeute contre-révolutionnaire à Toulouse.7 mai 1790 : Le culte de l'Être suprême

1790 21/05  : création de l seconde commune de Paris.

1790 22/05  : Les constituants ayant reconnu le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, l'alarme grandit parmi mes puissances étrangères. L'Assemblée Nationale déclare cependant la paix à l'Europe et au monde. Jamais elle n'entreprendra une guerre de conquête, jamais elle n'emploiera ses armes contre "la liberté d'un peuple".

1790 été  : Devant les difficultés à faire abolir les privilèges qui doivent être rachetés, en maint départements, les mouvements de paysans contre les aristocrates reprennent et s'intensifient.

1790 12/06  : Signe de contagion révolutionnaire, les sujets du pape en Avignon, enclavés dans le territoire français, rejettent la souveraineté du pape et réclament leur  réunion à la France. Jusqu'alors soumis à l'autorité du pape, ils deviendraient des citoyens libres et égaux en droits.

1790 13-15/06  : à Nîmes, les milices protestantes massacrent plusieurs centaines de catholiques.

1790 19/06  : les titres de noblesse sont supprimés.

1790 juillet  : Hébert fonde Le Père Duchesne qui sera le journal le plus populaire sous la Révolution.

1790 03/07  : Mirabeau se rallie secrètement à la monarchie et en reçoit de fortes sommes.

1790 12/07  : Intégration de l'Eglise dans l'Etat par la Constitution civile du clergé qui reconnaît un clergé élu et salarié par l'Etat. Elle entraîne une rupture entre prêtre jureur acceptant son nouveau statut et prêtre réfractaire le rejetant. L'abbé Grégoire prête serment.

1790 14/07  : Fête nationale de la Fédération sur le Champ-de-Mars à Paris, présidée par le roi. L'union du roi et de la Nation est célébrée. Messe célébrée par Talleyrand. 14.000 gardes nationaux jurent fidélité à la Nation, à la Loi et au roi.

1790 25-26/07  : début d'émeute royaliste à Lyon, réprimée par la garde nationale.


1790 09/08  : Marat publie son pamphlet On nous endort, prenons y garde.


1790 18/08  : 20 000 royalistes en armes, se réunissent au camp de Jales, en Ardèche.

1790 04/09  : Necker démissionne s'estimant incapable de maintenir l'ordre dans la rue où les gardes nationaux et les membres des Sections en armes font la loi. Une insurrection des "perrayeurs" (ouvriers des ardoisières) éclate à Angers.

1790 06/10  : le Roi condamne la constitution civile du clergé.

1790 24/10  : l'assemblée constituante décrète le drapeau tricolore comme étant le drapeau de la République française. Il se substitue au drapeau blanc.

1790 10/11  : Calonne arrive à Turin et devient "Premier ministre" de l'émigration.

1790 26/11  : l'Assemblée vote la loi du serment obligeant les ecclésiastiques à jurer fidélité à la Constitution.

1790 03/12  : Louis XVI réclame de l'aide au roi de Prusse pour restaurer son autorité.

1791 26/01  : Application de la constitution civile du clergé. Les évêques et la majorité des prêtres refusent de prêter serment à la constitution civile du clergé. Les "réfractaires" sont en principe révoqués et remplacés par des "jureurs".

1791 28/02  : quelques nobles, venus aux Tuileries pour défendre Louis XVI contre d'éventuels agresseurs, sont désarmés par La Fayette.

1791 mars  : la loi d'Allarde met fin aux corporations. L'armée entre à Arles, municipalité royaliste.

1791 02/04  : mort de Mirabeau. Avant de mourir, il conseille au roi de s'enfuir en province et de reconquérir Paris par les armes.

1791 31/05  : la torture est abolie et la guillotine adoptée, considérée comme un adoucissement de la peine de mort.

1791 14/06  : Dans le souci de libérer l'individu (libre jeu des intérêts des propriétaires), toute association ouvrière est proscrite : la loi  Le Chapelier interdit, en pleine révolution, la grève et l'organisation de syndicats.

1791 20-25/06  : Fuite de Louis XVI, furtive et manquée vers Nancy. Il compte revenir à Paris à la tête d'une armée. Démasqué à Ste-Menehould, arrêté à Varennes en Argonne, il est ramené le 25. La majorité modérée de l'Assemblée répand la thèse de l'enlèvement. Louis XVI est suspendu par la Constituante.

1791 juillet  : Voltaire au Panthéon.

1791 15/07  : l'Assemblée déclare, contre toute évidence, que Louis XVI a été enlevé contre lui.

1791 17/07  : les Parisiens réclament le jugement du roi et viennent pétitionner au Champ-de-Mars, sans armes et sans bâtons. La Fayette et Bailly font tirer sans sommation la Garde Nationale (entre 12 et 40 morts, 400 blessés). C'est le début de la lutte ouverte entre partisans et adversaires de la République.

1791 août  : déclaration de Pillnitz. Dans une déclaration solennelle, l'empereur d'Autriche Léopold II et le roi de Prusse Frédéric-Guillaume II attirent l'attention des autres souverains sur les évènements de France et les invitent à agir d'urgence. Menace de pure forme, la guerre est reportée mais les Français n'en croient rien, la crainte d'une invasion hante les esprits et la patrie paraît en danger. A l'été 1791, la levée des bataillons de volontaires en France est une répétition générale contre l'attaque des rois et des aristocrates émigrés.

1791 22-23/08   : tandis que les colons s'opposaient aux envoyés de Paris, une insurrection des esclaves noirs éclate dirigée par Toussaint Louverture, un régisseur noir alphabétisé petit fils de roi africain, esclave affranchi. Toussaint Louverture organise une armée. 1000 blancs sont assassinés, et les plantations et les sucreries sont saccagées. L'approvisionnement en sucre et en café de la France est coupé brutalement.

1791 14/09  : Louis XVI prête serment à la Constitution et est reconnu roi héréditaire : nul ne peut être arrêté qu'en vertu de la loi, liberté d'expression, de culte, de travail. L'Assemblée Constituante accepte le rattachement à la France demandé par les populations des territoires pontificaux d'Avignon et du Comtat Venaissin.

1791 27/09  : décret annulant les lois d'exception pesant sur les Juifs. 80% des Juifs de France vivent en Alsace.

1791 30/09  : L'Assemblée Constituante se sépare et devient Assemblée législative. Aucun des membres de la Constituante ne peut en faire partie (ce qui entrainera l'avènement d'une classe politique plus jeune et plus radicale (745 députés).

1791 14/10  : Louis XVI ordonne aux émigrés de rentrer en France.

1791 16-17/10  : massacre de la Glacière à Avignon. 60 prisonniers royalistes sont jetés du haut d'un tour.

1791 06/11  : situation insurrectionnelle dans le département de la Mayenne.

1791 25/11  : création du Comité de surveillance (futur Comité de sûreté générale).

1791 27/12  : émancipation des Juifs, proposée par l'abbé Grégoire, votée par l'Assemblée nationale.

1792 01/01  : décret d'accusation contre les princes émigrés.

1792 07/02 : traité d'alliance Prusse-Autriche à Berlin. Chaque Etat fournira 40 000 hommes pour une guerre éventuelle contre la France.

1792 09/02  : les biens des émigrés sont déclarés biens nationaux.

1792 14/02  : le comte de Fersen vient de Bruxelles revoir Marie-Antoinette en secret. La reine fournit des informations militaires codées aux Autrichiens.

1792 01/03  : Léopold II, frère de Marie-Antoinette, meurt à Vienne. Son fils, François II, neveu de Marie-Antoinette, plus hostile à la révolution française, lui succède. Il est partisan de la guerre. Il s'allie avec le roi de Prusse pour rétablir en France l'Ancien régime.

1792 20/04 : Déclaration de guerre à l'Autriche ( "roi de Bohême et de Hongrie, "François II, Autriche) alliée à la Prusse. Les Français veulent mener une croisade contre l'Ancien régime. Ils espèrent voir la Révolution se propager. La guerre va durer dix ans. Elle va radicaliser la Révolution, contribuer à renverser le trône et établir une dictature de salut public. Les soldats citoyens remplacent les professionnels de la guerre.

1792 27/05  : loi contre les prêtres réfractaires qui pourront être déportés hors du royaume sur plainte de 20 citoyens actifs (2ème véto du Roi).

1792 17/06  : devant l'imminence d'une invasion prussienne, la Législative nomme une Commission des douze — ébauche du Comité de salut public — qui doit proposer d'urgence des moyens de redresser la situation.

1792 20/06  :  Des émeutiers, lancés par les Girondins, rentrent aux  Tuileries  pour protester  contre le veto royal. La famille royale est molestée. Louis XVI est coiffé d'un bonnet rouge.

1792 07/07  : le danger commandant l'union, réconciliation entre Jacobins
 et Brissotins (Girondins ayant pour chef de file Brissot).

1792 11/07  : Les premiers échecs de la guerre avec l'Autriche déclenchent des paniques. La législative proclame "La patrie en danger", véritable constitution d'état de siège. Le port de la cocarde aux trois couleurs nationales est obligatoire.

1792 01/08  : le "manifeste du duc de Brunswick" est publié : le roi de Prusse menace de passer le peuple par les armes si on touche au roi et à la reine.

1792 09/08  : "Commune révolutionnaire" de Paris, contrôlée par Danton, Marat, Robespierre.