De l'art roman à l'art gothique au XIIème siècle
Dans le fil de la tradition : l’art roman
L’Antiquité resurgit également, mais transformée,
adaptée, dans un art de construire qui atteint son apogée aux alentours de
1100 : l’art roman. Ses particularités essentielles sont l’emploi de la voûte
pour couvrir de larges surfaces et le développement de la décoration
extérieure.
Emploi de la voûte, car le plan de base hérité de
l’age carolingien et de la basilique romaine ne se modifie pas ;
simplement, l’espace clos, propre à la prière et au recueillement, est désormais
recouvert d’un plafond de pierre.
Techniques complexes qui supposent l’intervention
d’hommes de métier : carriers, tailleurs de pierres, maçons, organisés en
compagnies itinérantes et dont les connaissances empiriques sont souvent
coordonnées par la vision d’ensemble et les préférences esthétiques du prélat
constructeur. Techniques coûteuses en outre.
La décoration aussi se transforme. A l’intérieur
d’abord : la peinture triomphe sans partage. Piliers et colonnes
deviennent les éléments d’un décor prestigieux et les chapiteaux sculptés
n’échappent pas à la polychromie. A l’extérieur, les parois s’animent à leur
tour. Aux arcatures, niches et motifs géométriques du premier age roman
succède, dans les dernières années du XIème siècle, la sculpture sur pierre et
à figure. Aux premiers, feuillage, motifs géométriques, êtres fantastiques,
miracles de saints populaires apportent une vie pittoresque. Personnages et
scènes de la Bible envahissent les secondes, linteau, tympan et trumeau, pour
créer cette merveille de l’art médiéval : le portail.
A partir du premier tiers du XIIème siècle, l’art
roman, expression plastique de la France du Sud, commence à décliner.
Eclosion d’un style nouveau : l’art gothique
Vers 1100, au moment précis où il atteint son
équilibre le plus parfait, une technique de construction révolutionnaire
commence à être employée dans les pays du Nord, jusqu’alors fidèles aux
charpentes de bois. C’est dans l’Ile-de-France que s’élabore le style nouveau.
Technique nouvelle : née elle-même de la voûte
d’arête, la croisée d’ogives est faite de nervures placées sous les arêtes et destinées
simplement à les renforcer et à les soutenir.
Par contraste avec le précédent, ce style nouveau
frappe par son parti pris de verticalité, par cet irrésistible élan vers le
ciel qui commande toute l’ordonnance intérieure. Mais il est plus encore
triomphe de la lumière. L’art ancien du vitrail ressuscite.
La sculpture, elle aussi, évolue par rapport à
l’age roman.
La mode se répand vite, et sans doute les équipes
de maçons, d’imagiers, de verriers appelés des grands chantiers du Midi par
Suger, ont-elles contribué à sa diffusion. La localisation de cette première
vague du gothique parle elle-même : toutes ces cathédrales sont situées
dans les villes du domaine royal capétien.
Dans les autres arts, mineurs malgré tout par
rapport à l’architecture, un mouvement identique n’est vraiment sensible qu’en
musique : la polyphonie. Pour le reste, orfèvres, émailleurs du Limousin,
enlumineurs, ivoiriers demeurent plus attachés à leurs ateliers traditionnels.