18 mai 1839 : Caroline Bonaparte, «Napoléon au féminin»

Caroline Bonaparte, née en 1782, la plus jeune sœur de Napoléon, épouse Murat en 1800 et partage son destin. Grande duchesse de Berg en 1806, puis reine de Naples deux ans plus tard, elle joue un rôle actif aux côtés de son mari. Lorsque celui-ci va se battre en Russie en 1812, elle occupe la régence. Après le départ de Murat qui tente de rallier l'Empereur au moment des Cent-Jours, elle fait tout pour se maintenir au pouvoir mais est finalement contrainte à l'exil par les alliés. Elle meurt à Florence en 1839.

La postérité a été cruelle avec elle, et la plupart des historiens l'ont dépeinte comme ambitieuse, égoïste, méchante même. Certains, aveuglés par le soleil impérial, simplifient les conflits familiaux pour mieux servir leur idole, Napoléon. D'autres se laissent tromper par les mémorialistes contemporains, en particulier les femmes, qui accumulent les contre-vérités souvent calomnieuses. Il s'ensuit des ouvrages souvent peu rigoureux et partisans. 


Se gardant de tout jugement, comme de toute réponse romanesque aux obscurités de l'histoire, l'auteur nous guide dans l'ascension vertigineuse de Caroline et de sa famille, puis de leur chute tout aussi fulgurante. À la différence de ses frères et sœurs, Caroline a fait un vrai mariage d'amour qui, malgré les orages, ne s'est jamais rompu. Douée d'une réelle intelligence politique, c'est elle qui ressemblait le plus à Napoléon, raison pour laquelle elle a fini par s'opposer à lui. Oui, elle a voulu être reine et le rester – et pourquoi dans ce contexte incomparable ne l'aurait-elle pas voulu ? – et elle l'a été, parfois seule quand Murat était en campagne militaire, avec une sagesse, un sérieux, une autorité que n'ont jamais eus ses frères. Douée d'un goût inné pour les arts, elle a su embellir les palais qu'elle habitait. Elle a conduit avec maîtrise les fouilles de Pompéi, protégé les peintres, architectes, musiciens et sculpteurs. Après la perte de son royaume et l'exécution de son mari, elle a vécu encore vingt-quatre ans, dans la discrétion la plus totale, se soumettant au vainqueur autrichien, mais se battant pour sauvegarder l'héritage de ses quatre enfants. S'ouvre alors une période peu connue : la relation de Caroline avec sa famille, leurs problèmes d'héritages, la persécution des souverains napolitains, français et espagnols qui l'empêchaient de circuler librement en Europe, ses angoisses de mère sachant ses fils loin et capables de sottises. Enfin, dans la maladie qui la fit longtemps souffrir avant de l'emmener à la mort, elle s'est montrée d'un courage exemplaire, tenant sous son charme la société florentine qui se pressait dans son salon.


Caroline la plus jeune et la plus charmeuse des soeurs de Napoléon, n'a pas vingt ans lorsqu'elle épouse l'homme qu'elle aime passionnément, le vaillant général Joachim Murât. Tous deux forment un couple politique tumultueux, animé par d'ardentes ambitions. Sous l'Empire, tandis que Murât guerroie, Caroline, promue grande duchesse de Berg, reçoit somptueusement dans sa demeure de l'Elysée. Parmi ses hôtes : Metternich, ambassadeur d'Autriche, avec lequel elle noue une relation étroite. Lorsque, en 1808, Napoléon confie à sa soeur et à son beau-frère, le royaume de Naples, Caroline n'a qu'un désir : partager le pouvoir avec son mari. Sa compétence éclate bientôt lorsqu'elle devient régente. Cependant, comprenant que la mégalomanie de Napoléon et sa politique belliciste vont leur faire perdre le trône, les Murât finissent par s'allier à l'Autriche. Comment en vinrent-ils à prendre une telle décision, considérée comme une trahison ?
A Naples, Caroline a laissé un souvenir brillant, celui d'une énergique femme d'État, d'une reine élégante, protectrice des arts et des modes. Au terme de plusieurs années de recherches, Florence Vidal nous raconte un destin étonnant et méconnu.


Extrait de l'introduction :

Caroline est la plus jeune des filles de la tribu Bonaparte. On la connaît mal. Si Élisa, la soeur aînée, qui devint princesse de Lucques et grande-duchesse de Toscane, est considérée comme une femme politique d'envergure, une intellectuelle de qualité, si Pauline, l'autre soeur, doit sa célébrité à sa beauté et à ses frasques, qu'en est-il de Caroline ? Ses portraits montrent un visage charmant, presque angélique. Ils masquent le caractère bien trempé de celle qui, épouse de Joachim Murât, est devenue grande-duchesse de Berg, puis reine de Naples. Une femme qui, par ses prises de position, a joué un rôle non négligeable dans le destin de son frère Napoléon.
Citée à comparaître devant le tribunal des historiens, Caroline est tenue pour une créature ambitieuse et égocentrique. On l'accuse d'être une traîtresse. N'a-t-elle pas, lorsque l'Empire s'effondre et que son frère s'engage dans des voies qu'elle juge destructrices, fait le choix de s'allier à l'Autriche, ennemie de la France ? Elle ne serait qu'une cynique, une ingrate, prête à tout pour conserver ce royaume de Naples dont Napoléon lui a remis les clefs, à Bayonne, en juillet 1808. Mérite-t-elle vraiment d'être enfermée dans de tels rôles ?
Et si Caroline était bien différente de celle décrite par les épais clichés misogynes et les légendes sombres qui servent d'aura à ses portraits ? Pour la comprendre, il faut tenter de prendre sa place, considérer les circonstances, et analyser les évolutions de sa personnalité face aux turbulences de son époque. 



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