5 mars 1811: Bataille de Chiclana-Barrosa


Bien sûr ce n’est pas une grande bataille napoléonienne (Trafalgar, Austerlitz, Iéna, Eylau, Friedland, Wagram…), la bataille de Chiclana-Barrosa est un engagement mineur d’arrière-garde qui n’aura aucun impact dans la poursuite du conflit. Ce n’est pas une raison pour oublier les plus de 4.300 morts (tous belligérants confondus) restés sur le champ de bataille.



Février 1811. Depuis un an, le maréchal Victor assiège la ville espagnole de Cadix. Les généraux Manuel de Lapeña et Thomas Graham, à la tête des troupes hispano-britanniques, rejoignent Algésiras et Tarifa. Les contingents, après leur débarquement, se dirigent vers Chiclana pour prendre les Français à revers.

Le 5 mars, les deux armées se rencontrent près de la tour de la Barrosa, qui laissera son nom à la bataille, et de la tour Bermeja. Les troupes françaises des généraux Villatte, Levai et Ruffin sont peu à peu repoussées par les Britanniques et les Espagnols. L'engagement des unités et la violence des combats sont tels que le 8e régiment de ligne perd son aigle, couronnée par la municipalité de Paris quelque temps plus tôt.

Texte extrait du Dictionnaire historique des batailles - Lecture en en ligne BNF en cliquant sur le lien:

Le quartier-général de l’armée française, occupée au siège de Cadix, était à Chiclana. Un corps d’armée de seize à dix-huit mille hommes, composé d’Anglais et d’Espagnols, avait débarqué à Algésiras et se dirigeait sur Cadix pour en faire le siège, et prendre l’armée française à dos, tandis qu’elle serait occupée de front par la garnison de la place.

Le duc de Bellune, instruit de la marche des Espagnols, donna des ordres sur sa ligne, et forma à Chiclana une réserve composée de la première brigade de la division Ruffin, de la deuxième brigade de la division Levai, et renforça la garnison de Médina-Sidonia.

Aussitôt que l’ennemi parut, le duc de Bellune marcha à lui avec ses deux brigades, trois escadrons de cavalerie, deux batteries d’artillerie, le tout formant environ six mille hommes. Il attaqua vivement les troupes espagnoles, les culbuta et les accula à la mer.

Ce premier succès, qui avait déjà renversé le plan de l’ennemi, ne contenta pas le duc de Bellune. Il poursuivit les vaincus et ne fut arrêté que par la belle position de Barosa, près de la mer, occupée par une brigade anglaise, formant l’arrière-garde du corps d’armée.

Le maréchal fit aussitôt attaquer cette position par la brigade du général Ruffin, qui l’emporta au pas de charge, avec plusieurs pièces de canon et des prisonniers.

Après divers mouvements opérés, l’un sur le flanc de l’ennemi vers la mer, où se porta le duc de Bellune, et l’autre sur la tête de la colonne, par la brigade du général Villatte, qui venait de s’emparer du pont de San-Pietro, le corps d’armée se trouva enveloppé par les trois brigades de l’armée française.

Pour remédier à la position fâcheuse où il se trouvait, l’ennemi fit volte-face, et présenta quatre lignes qui parurent de quatre mille hommes chacune. Des forces si supérieures obligèrent les Français à abandonner la résolution d’attaquer l’ennemi qu’ils avaient entouré. Par ordre du maréchal, le général Villatte laissa libre le passage de l’île Saint-Léon, et se porta sur sa droite. Le général Ruffin avait en même temps, reçu l’ordre d’évacuer la hauteur, et de se serrer à sa gauche.

Mais le combat était vivement engagé sur ce point, et le général Ruffin blessé, avec une centaine de soldats, ne put suivre sa brigade et tomba aux mains des ennemis, après avoir montré la plus grande intrépidité, en repoussant vigoureusement deux attaques consécutives, où il fut toujours un contre deux.

Les mouvements des deux brigades de droite et de gauche pour se rapprocher du centre, formèrent une ligne parallèle à la mer, et continrent une division espagnole, qu’un détachement de quinze cents hommes avait détaché du gros du corps d’armée.

Des attaques se succédèrent avec assez de rapidité sur le centre des Français, mais ils culbutèrent et repoussèrent toujours l’ennemi qui, voyant tous ses projets déjoués, ses efforts inutiles pour parvenir à Chiclana, ses troupes contenues près de la mer, et le champ de bataille couvert de ses morts, jugea à propos de se retirer dans l’île de Saint-Léon, abandonnant cette division espagnole, qui, après avoir erré près de deux jours, parvint à rejoindre le corps d’armée.

Ce combat, qui fut très acharné, fit couler beaucoup de sang de part et d’autre. Les Français perdirent treize cents hommes tués, blessés ou prisonniers. La perte de l’ennemi fut évaluée à quatre mille hommes, parmi lesquels neuf cents morts.

Les troupes françaises prirent quatre pièces de campagne, trois drapeaux, et perdirent un aigle. La bataille de Chiclana, où des forces triples semblaient devoir écraser les troupes françaises, fut entièrement à l’honneur des Français, qui purent l’appeler une victoire, puisqu’ils eurent pour eux la moindre perte et le champ de bataille.