8 mai 1769 : le jour où Napoléon faillit naître «italien»


La bataille de Ponte-Novo (en corse Ponte Novu) qui eut lieu du 8 au 9 mai 1769, est le point final des affrontements entre les troupes de Pascal Paoli — composées de Corses et de mercenaires allemands ou suisses — et les armées du roi de France, Louis XV, aidées de soldats corses du parti français.


Cette bataille fait tomber la Corse dans le domaine royal de France.


Au sud de l’île, Letizia Bonaparte est enceint de six mois. A trop mois près, le futur empereur des Français naissait « italien ». Français ou italien, Napoléon est avant tout corse et déclarera : "Au parfum de son maquis, de loin, les yeux fermés je reconnaîtrais la Corse."


Son père, Charles, est apprécié de Paoli et estimé de ses compatriotes. A la consulte extraordinaire de Corse, où l’on propose de se soumettre à la France, il prononce d’ailleurs un discours qui enflamme tous les esprits :



« Si pour être libres, il ne s’agissait que de le vouloir, tous les peuples le seraient ; cependant l’histoire nous apprend que peu sont arrivés au bienfait de la liberté, parce que peu ont eu le courage, l’énergie et les vertus nécessaires pour devenir libre ».


Lorsque la France s’empare de la Corse en cet fin de printemps 1769, la première est un état autoritaire et monarchique alors que la seconde est un état démocratique et républicain.

État autoproclamé institué en novembre 1755 par Pascal Paoli et ses partisans par indépendance vis-à-vis de Gênes, la République est installée via l'adoption par des représentants de la Constitution corse. Elle visait à donner une légitimité absolue au Gouvernement de la Nation corse et à faire de ce territoire un État souverain. Cette constitution est souvent considérée comme la première constitution démocratique de l'histoire moderne, basée sur la séparation des pouvoirs législatif et exécutif ainsi que sur le suffrage universel.


Voltaire, dans Le Précis du Siècle de Louis XV (1re édition en 1768), écrit, admiratif, à l'occasion de ce combat :


« L'arme principale des Corses était leur courage. Ce courage fut si grand que dans un de ces combats, vers une rivière nommée Golo, ils se firent un rempart de leurs morts pour avoir le temps de recharger derrière eux avant de faire une retraite nécessaire ; leurs blessés se mêlèrent parmi les morts pour affermir le rempart. On trouve partout de la valeur, mais on ne voit de telles actions que chez les peuples libres. »


La Guerre d'indépendance de la Corse (1729-1743) et la République corse (1755-1769) fondent une large partie de l'identité corse d'aujourd'hui. Pascal Paoli est l'une des figures les plus représentatives de cette période. Près de 250 ans après cette bataille, la question de l’indépendance ou de l’autodétermination de l’île de Beauté reste en suspens. Ici encore le passé éclaire le présent.


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