4 avril 1817 : Maréchal Masséna, côté pile et côté face



L’« Enfant chéri de la victoire », surnom attribué par Bonaparte à Masséna à la suite de la bataille de Rivoli, meurt le 4 avril 1817, d’une maladie de poitrine dont il souffrait depuis longtemps. Il est certainement le plus grand chef de guerre que la Révolution ait produit après Bonaparte.

D’origine modeste, né à Nice en 1758, son père, ancien militaire devenu marchand de vin, meurt alors qu’il n’a que six ans. Turbulent, à 14 ans il devient comme mousse dans la marine marchande et réalise plusieurs traversés océaniques. A 17 ans, sur le conseil de son oncle, sous-officier, il s’engage dans le régiment Royal-Italien à Toulon. A 26 ans, il est promu adjudant. C'est alors le plus haut grade au sein de l'armée royale française qu'un roturier est en droit d'espérer. Dans les premiers jours de la Révolution il quitte son régiment et tente de s‘installer comme épicier, sans succès. Il fréquente les cercles révolutionnaires et lorsqu’est instauré la formation de gardes nationales dans les villes, Masséna est nommé instructeur de celle d'Antibes en raison de son expérience militaire. Il montre à ce poste une grande efficacité et est directement élu capitaine instructeur du 2e bataillon de volontaires du Var le 14 septembre 1791. Il passe ensuite lieutenant-colonel en second le 1er février 1792 et lieutenant-colonel en premier le 1er août suivant.

Sa participation au siège de Toulon lui vaut le grade de général de brigade le 22 août 1793 et celui de général de division le 20 décembre de la même année.

Il est ensuite affecté à l’armée d’Italie. Le succès stratégique qu’il remporte lors de la bataille de Loano, permet aux français de conquérir de nouveaux territoires dans le Nord de l'Italie jusqu'à la Riviera, préparant ainsi la future campagne de Bonaparte. Masséna, alors âgé de 37 ans et à la réputation déjà bien établie, semble tout désigné pour succéder à Schérer au commandement en chef de l'armée d'Italie. C'est donc avec scepticisme qu'il accueille la nomination à ce poste du général Napoléon Bonaparte, de dix ans son cadet. Mais il est vite séduit par les talents stratégiques du jeune général, devient son principal lieutenant (avril 1796) et remporte une série de victoires. Masséna se trouve constamment sur la ligne de front, ce qui lui vaut d'être apprécié par Bonaparte qui le décrit comme « actif, infatigable et audacieux ». Ses soldats se battent avec courage à Castiglione, à Bassano et surtout lors de la bataille du pont d'Arcole, le 17 novembre 1796, où le général parvient à reprendre le village à l'issue d'un combat acharné. Son nom est particulièrement attaché à la bataille de Rivoli, le 17 janvier 1797. Napoléon lui décernera en souvenir, en 1808, le titre de duc de Rivoli.

Avec le dénouement victorieux de la campagne d'Italie et la signature du traité de Campo-Formio, Masséna continue de servir avec les troupes stationnées dans la péninsule italienne. Les forces françaises d'occupation, placées sous le commandement du général Louis-Alexandre Berthier, envahissent les derniers États indépendants italiens, conformément aux instructions du Directoire.

Avec la formation de la Deuxième Coalition contre la France en 1799, Masséna prend le commandement des troupes françaises déployées en Suisse où il se trouve dans une situation difficile. Au cours de cette longue et pénible campagne, le général fait montre d'un grand sens stratégique. La victoire de Zurich, considérée comme la plus belle réussite de la carrière militaire de Masséna sauve la France d'un projet d'invasion et le tsar Paul Ier, dépité par cette défaite, se retire de la Coalition peu après.

Après l'arrivée au pouvoir de Napoléon Bonaparte en France à la suite du coup d'État du 18 brumaire, Masséna prend la tête des dernières troupes françaises présentes en Italie. Ces dernières, battues en plusieurs rencontres, Masséna doit se replier sur Gênes où il se retrouve assiégé par l'ennemi. Il est prêt à capituler. Le 14 juin, Napoléon remporte une victoire décisive à la bataille de Marengo, bouleversant complètement la situation militaire en Italie. Retiré à la campagne d'abord à Antibes aux côtés de sa famille puis, à partir de 1801 au château de Rueil, en banlieue parisienne, Masséna n'en continue pas moins de manifester son opposition aux choix politiques de Napoléon, notamment comme dépôt du Corps législatif, pour lequel il n'éprouve aucune sympathie particulière. Le 19 mai 1804, il fait néanmoins parti de l’acte de nomination des quatorze maréchaux d’Empire. Masséna cesse d'apparaître comme un adversaire politique et use beaucoup de son pouvoir et de son influence pour s'enrichir sur les territoires relevant de son autorité.

Avec le déclenchement de la guerre de la Troisième Coalition en 1805, il est rappelé au commandement de l’armée d’Italie. La guerre ayant pris fin avec la victoire décisive de Napoléon à Austerlitz, Masséna reste en Italie et s’empare du royaume de Naples (janvier-février 1806). Le 15 décembre 1806, en mauvais termes avec le roi Joseph et hostile à un projet de débarquement en Sicile, il donne sa démission et rentre en France au début de l'année suivante.

À la fin du mois de février, il est appelé au commandement du Ve corps d'armée stationné en Pologne, les troupes de Masséna ne prennent pas une part très active à la campagne de 1807 qui se solde par la défaite de la Russie et de la Prusse.

Le maréchal Masséna retrouve un commandement opérationnel pendant la guerre de la Cinquième Coalition en 1809. Napoléon lui confie en effet la direction du IVe corps d'armée. Après avoir participé à la marche sur Vienne, il livre le 3 mai la sanglante bataille d'Ebersberg contre l'arrière-garde autrichienne, où il est critiqué par l'Empereur pour avoir ordonné de façon prématurée une attaque frontale sur les positions ennemies. Masséna joue également un rôle de premier plan au cours de la bataille d'Essling. Pour son rôle au cours des dernières opérations et plus particulièrement son brillant comportement à Essling, Napoléon décerne à Masséna le titre de prince d'Essling en 1810.

Il s’illustre également à la bataille de Wagram, où il commande l’aile gauche. Le 5 juillet 1809, ses troupes refoulent d'Aspern le corps autrichien de Klenau ; le 6, il se porte en soutien de Bernadotte avec deux divisions et livre un combat féroce, le 7, il se lance à la poursuite de l'armée autrichienne qu'il accroche sérieusement le 11 juillet à la bataille de Znaïm. Un armistice signé le 12 met cependant fin aux combats et Masséna, après avoir réorganisé ses troupes en Moravie, rentre en France au début du mois de novembre 1809.

Appelé au commandement de l’armée du Portugal, il échoue face à Wellington, à causes de ses erreurs mais aussi des difficultés pratiques et de la mauvaise coopération de ses lieutenants.  Napoléon, vivement déçu par l'échec de l'invasion du Portugal, fait ouvertement part de son mécontentement à Masséna, qui doit finalement remettre son commandement au maréchal Marmont le 11 mai 1811. Rentré en France, il est mal accueilli par l’Empereur qui lui déclare : « eh bien, prince d'Essling, vous n'êtes donc plus Masséna ? » Sa défaite au Portugal, met un point final à sa carrière sur les champs de bataille.

Mais il y a un côté pile de Masséna. Il est connu dans toute l'armée comme un pillard insatiable, avare et soucieux de s'enrichir sur les biens matériels ; certaines villes et régions occupées par sa division sont ainsi totalement saccagées. De nombreuses plaintes sont adressées à Bonaparte qui préfèrera néanmoins fermer les yeux sur les agissements de son subordonné.  C’est la partie noire du général dont les méthodes de guerre sont parfois impitoyables.

Masséna participe à la première campagne du Piémont dans les armées de la République. L'armée du Midi de la jeune République française entre dans Nice le . Le 23 novembre, l'armée navale de l'amiral Truguet, de concert avec le général Jacques Bernard d'Anselme, se présente devant cette place le 23 novembre. La ville est bombardée le jour même et prise le lendemain, et les Français ne l'abandonnèrent qu'après l'avoir pillée et réduite en cendres. Mais dès lors le désordre régna dans l'armée, qui n'observait plus aucune discipline, et se livrait à toutes sortes de violences et de déprédations envers les habitants du comté de Nice. Ces exactions auxquelles participe Massena firent apparaître les barbets, ces paysans et bergers défenseurs de la foi catholique et des libertés de leurs terroirs. Masséna participe aux exactions et à la répression du mouvement barbet contre-révolutionnaire.

Masséna est notamment impliqué dans l'organisation quelque peu confuse de la République romaine à la suite de l'entrée des troupes françaises à Rome le 11 février 1798 à la suite de l'entrée des troupes françaises à Rome le 11 février 1798. Le pape Pie VI est transféré à Sienne et l'administration républicaine locale se voit flanquer d'une commission civile française chargée de surveiller ses moindres faits et gestes. Le général Berthier, mécontent du rôle qui lui est confié, finit par transmettre le commandement des forces françaises à Masséna.

Très vite, le territoire de la nouvelle république jacobine est pillé et dévasté de fond en comble par les troupes d'occupation, plusieurs généraux participant à cette mise à sac en règle. Ce comportement est sévèrement condamné par les officiers subalternes et leurs protestations s'accentuent après la nomination de Masséna, dont la réputation d'avidité et de prévaricateur est bien connue au sein de l'armée. Les troupes françaises cantonnées à Rome, issues en grande partie des contingents de l'armée du Rhin détachés en Italie sous les ordres de Bernadotte à la fin de la campagne pour prêter main-forte à Bonaparte, sont particulièrement hostiles à Masséna ; la présence de ces contingents instaure un climat de tension et des confrontations physiques ont lieu avec les soldats de la division Masséna. Par la suite, les troupes se mutinent et les autorités, y compris les commissaires civils, sont incapables de rétablir l'ordre. Masséna est finalement rappelé et remplacé à Rome par le général Gouvion-Saint-Cyr, un des lieutenants du général Moreau.

Le 24 juin 1800. Masséna, bien qu'éprouvé par le siège de Gênes, est investi du commandement en chef de l'armée d'Italie à la place de Napoléon lorsque celui-ci regagne Paris. Cependant, la mauvaise situation financière de l'armée et le climat de corruption qui pèse sur lui et son état-major conduisent à son rappel au mois d'août. Il est alors remplacé par Brune et se voit exonérer de tout commandement.

Après la conquête rapide du royaume de Naples, la situation est, en réalité, loin d'être stabilisée.  Masséna doit faire face à l'insurrection des partisans légitimistes en Basilicate et en Calabre, ces derniers bénéficiant du soutien d'un corps expéditionnaire britannique. La guerre dégénère rapidement en un conflit extrêmement féroce et impitoyable, entraînant dans les deux camps de nombreuses exactions à l'encontre des populations civiles, des pillages et des représailles. Masséna réprime très durement les révoltes, dévaste les territoires occupés et impose des sanctions draconiennes qui se soldent parfois par des exécutions de masse ; le chef insurgé Fra Diavolo est pendu et la ville de Lauria est ravagée de fond en comble par les troupes françaises. Parallèlement, le maréchal accapare les biens des vaincus en Italie du Sud et s'autorise même à délivrer des licences d'importation en contradiction totale avec la politique du Blocus continental appliquée à l'encontre des navires anglais.

Masséna montre en outre une grande attirance pour les femmes et va jusqu'à se faire suivre en campagne par son amante, Silvia Cepolini, pendant la première campagne d'Italie, ce qui lui vaut un rappel à l'ordre formel de Bonaparte. Il fera de même lors de la campagne du Portugal, où il emmène avec lui son amante, Madame Leberthon, déguisée en officier.

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Leurs noms sonnent encore glorieusement à nos oreilles et ils ont baptisé nombre de grandes artères à travers toute la France. Issus de milieux très divers (apprenti, mousse, fils de chirurgien, membre de la petite noblesse, etc.), ils ont choisi très jeunes le métier des armes et, sans compter sur le moindre passe-droit, ils sont partis du bas de l’échelle sociale pour gravir peu à peu les échelons militaires uniquement par leurs actes héroïques.
Honneur suprême, ils ont été remarqués par Napoléon Ier qui les a faits maréchaux. Plus ou moins honnêtes, plus ou moins scrupuleux, plus ou moins clairvoyants (mais toujours prêts à mener leurs troupes au combat et à braver les pires dangers), ils ont accumulé des richesses dans les territoires conquis et ont été pourvus de titres de noblesse qu’ils ont transmis à leurs descendants.