25 février 1117 : Mort de Robert d'Arbrissel
Seul le XIIème siècle pouvait accoucher d’un personnage comme Robert d’Arbrissel.
Né
vers 1047 à Arbrissel, un village breton du diocèse de Rennes, Robert est le
fils d’un prêtre. Il aurait succédé à celui-ci à la charge de recteur d’Arbrissel
et aurait vécu en concubinage (il faut en effet attendre 1123 et le premier
concile de Latran pour interdire fermement le mariage et le concubinage des
prêtres).
Il
s’exile à Paris, vers 1078 après avoir été compromis dans l’élection jugée
irrégulière de l’évêque de Rennes, où il suit des enseignements théologiques.
Docteur en théologie, il devient alors un ardent partisan de la réforme du pape
Grégoire VII.
Vers
1095, Robert d’Arbrissel prône les principes de pauvreté conformément à la
doctrine grégorienne. Il part vivre en ermite dans la forêt de Craon en Anjou.
Reçu en audience par Geoffroy de Mayenne, évêque d’Angers, et Renaud 1er
de Craon, il obtient la concession de sept masures. La renommée de ses vertus
et de la sainteté de sa vie lui attire les foules. Des logements sont créés et
deviennent l‘abbaye de la Roé.
En
1096, le pape Urbain II, en visite à Angers, apprécie tellement ses sermons qui
lui confère le titre de prédicateur apostolique. Devenu prédicateur itinérant,
Robert d’Arbrissel se voit bientôt suivi par une foule nombreuse, d’hommes et e
femmes de différentes classes sociales.
Entre
1099 et 1101, il fonde avec ses disciples et l’aide de Pierre II évêque de
Poitiers, une maison mixte rompant avec les règles du monachisme ordinaires,
dans un vallon nommé Fons Ebraudi. La
hiérarchie religieuse est furieuse et s’élève contre cette cohabitation d’hommes
et de femmes.
Sous
la protection du seigneur de Montsoreau, il commence à organiser la vie
communautaire en fixant son groupe. De nombreuses femmes nobles sont attirées
par le rayonnement du fondateur. La sœur de Foulque V, comte d’Anjou et de
Tour, Ermengarde d’Anjou, se retire vers 1112 dans l’abbaye de Fontevraud.
Il
s’agit d’un monastère double et non mixte, où moines et moniales n’ont aucun
contact, à l’exception de Robert qui, dirigeant l’ensemble sans le titre d’abbé,
s’entretient en privé avec les femmes.
Son
institution établit, il reprend, dans toute la France, son parcours de
prédicateur itinérant. L’évêque de Potiers, satisfait par la doctrine de
robert, demande au Saint-Siège les bulles de confirmation. Le pape Pascal II
prend alors cet ordre sous sa protection.
En
1115, peu de temps avant sa mort, Robert fixe les statuts de Fontevraud avec
les moniales et fait reconnaître par le clergé, Pétronille de Chemillé, abbesse
de Fontevraud. Il meut le 25 février 116 ou 1117 à Orsan, diocèse de Bourges
(Berry). L’archevêque de Bourges accompagne son corps jusqu’à l’abbaye de
Fontevraud suivi de son clergé, de la noblesse locale et d’une foule de laïcs.
Précurseur
du féminisme, défenseur des pauvres, réformateur exigeant, la vie de Robert d’Arbrissel
est complexe. Toujours est-il que sa conduite, notamment avec les femmes (sans
que rien ne puisse lui être reproché), a empêché sa canonisation au XVIIème
siècle. Mais il est vrai que nul n’est prophète en son pays (Marc. 6, 1 à 6).
©Laurent
Sailly pour Méchant Réac ! ®