2 mars 1760 : Naissance de Camille Desmoulins


Camille Desmoulins est une des figures les plus marquantes de la Révolution. Fils d'un petit magistrat, il obtient, en même temps que Robespierre, une bourse. Il suit de bonnes études au lycée Louis-le-Grand à Paris. Après des études de droit, il devient avocat.

Bègue et timide, sans relation, peu doué pour l’art oratoire, Desmoulins est un avocat qui végète quand la Révolution éclate. Il assiste alors aux séances des Etats généraux de Versailles et devient un familier de Mirabeau.

Le 12 juillet 1789, se promenant dans les jardins du Palais-Royal, il apprend le renvoi de Necker. Oubliant ses difficultés d'élocution, il harangue la foule, lui donne pour signe de reconnaissance une feuille d’arbre et lance l'idée de prendre la Bastille. Ce sera fait deux jours plus tard. Son influence sur l’opinion révolutionnaire va grandissante par ses publications car il est bien meilleur journaliste qu’orateur.

Le 28 novembre 1789, paraît le premier numéro d’un hebdomadaire, Les Révolutions de France et de Brabant, où il proclame ses idées républicaines tout en dénonçant ceux qui, selon lui, s’éloignent de la ligne du bien public. Ses articles lui vaudront des démêlés avec Talon puis Marat. Le journal disparaitra en juillet 1791.

Camille Desmoulins entre au Club des cordeliers, avec Fabre d’Eglantine et Danton.

En mai 1792, il lance avec Fréron La Tribune des Patriotes. Il attaque les Girondins et demande l’avènement de la république. Le journal ne connaîtra que quatre numéros. Au lendemain de la journée du 10-Août (1792, chute de la monarchie), qu’il a préparé avec Danton, il devient secrétaire du nouveau ministre de la Justice.

Député de Paris à la Convention, il se rapproche de Danton tout en servant les idées de Robespierre. Fidèle à ce dernier, il participe à la chute des Girondins. A la fin de 1793 effrayé par les excès de la Terreur, il incline vers l’indulgence. Le premier numéro d’une nouvelle feuille, Le Vieux Cordelier, parait le 5 décembre où il attaque les Hébertistes. Exclu des Cordeliers le 11 janvier 1794, arrêté le 31 mars avec Fabre d’Eglantine, Danton et ses amis, il est accusé de complot contre la République. Le 5 avril il est guillotiné. A aucun moment, Robespierre n’interviendra pour tenter de sauver son vieux compagnon.


Si Camille et Lucile Desmoulins n’apparaissent plus guère dans les manuels scolaires, ils restent bien vivants dans la mémoire collective. L’un est républicain avant la république, défenseur de la liberté de la presse et homme de lettres  ; l’autre est citoyenne et diariste. Tous deux ont cru en la Révolution, ont combattu pour la liberté et l’égalité politique, ont aimé, jusqu’à la mort. Lorsqu’ils montent sur l’échafaud, en 1794, Lucile a vingt-quatre ans, dix de moins que son mari.

À l’issue d’une patiente exploration des sources, de la mise au jour de nombreux inédits, Hervé Leuwers brosse un attachant portrait de ce couple, dont l’exigence démocratique est parfois d’une étonnante actualité. Par une histoire sensible, attentive aux émotions et à la culture de la fin du xviiie siècle, l’historien redonne vie à deux enfants des Lumières qui, pour reprendre les mots de Camille Desmoulins, ont «  rêvé une république que tout le monde eût adorée  ».