16 avril 1917 : Le Chemin des Dames


Nivelle, successeur de Joffre, en accord avec ses alliés britanniques et belges, et fort de ses succès à Verdun, avait préparé une grande offensive, la « Dernière de la guerre ». Pour cela, il avait décidé de faire sauter deux importantes charnières du front allemand : la côte de Vimy, en Artois, devant Douai, et le plateau de Craonne, qui domine la plaine de Laon, dans l'Aisne. Pour la conquête de Vimy, les Britanniques massèrent deux armées. Des nuées d'avions préparèrent la voie. Près de 4000 canons tonnèrent et lancèrent en dix jours 9 millions d'obus. Le 9 avril, le corps canadien et les Tommies du général Allenby s'élancèrent sous la pluie. Le lendemain, les Canadiens étaient installés sur la côte de Vimy où se dresse aujourd'hui le monument élevé en souvenir de leurs exploits.

Dans l'Aisne, les Français se préparaient à l’attaque. Devant eux, le plateau de Craonne. Une petite route, le « Chemin des Dames », déjà immortalisé par de nombreux combats dans le passé, suit le plateau sur toute sa longueur. Une rivière, l'Ailette, court, parallèle au bas des pentes nord. Derrière, la plaine et, à l'horizon, les tours de Laon. Tout ce terrain est creusé de carrières ou « creutes ». L’ennemi y est solidement retranché. Joffre avait prélu le débordement de cette position formidable par l'ouest et par l'est mais le général Nivelle, trop audacieux, organisa l'attaque de front malgré l'avis de ses subordonnés. Plus grave encore, l'ennemi, renseigné par un document secret trouvé sur un prisonnier, a pu s'organiser en conséquence. Malgré un temps particulièrement épouvantable, près de 2 700 canons de campagne et 2 300 pièces d'artillerie lourde arrosèrent systématiquement, pendant plusieurs jours, les positions allemandes. Mais la pluie et la neige empêchèrent l'observation des résultats.

Le 16 avril 1917, les armées Mangin et Mazel s'élancèrent, en formations serrées, à l'assaut du plateau. En dépit de quelques faits d'armes glorieux, trois divisions furent rapidement arrêtées et mises hors de combat. Les chars, à Berry-au-Bac, furent victimes de leur conception défectueuse : placés à l'avant, leurs réservoirs d'essence flambèrent comme une torche sous les tirs ennemis. Sur 1'ensemble du terrain, les gains étaient minimes. Les 17 et 18 avril, Nivelle renouvela l'assaut mais, là encore, sans résultats notables. En dépit d'un succès local remporté le 19 avril en Champagne par le général Anthoine, et d'une nouvelle offensive lancée le 7 mai sur le plateau, il dut se rendre à l'évidence : la percée avait finalement échoué. À cette date, le total des pertes depuis le l6 avril s'élevait à 135 000 hommes pour un résultat très éloigné de ses ambitions.

Pour l'armée française, l'échec du Chemin des Dames marquait un tournant. Les mutineries qui suivirent dès avril, allaient convaincre Pétain, nommé général en chef à la place de Nivelle, que l'heure des offensives vaines était achevée. Il fallait accepter de passer à la défensive et, avant de recommencer à attaquer, attendre de nouveaux tanks et l’arrivée des Américains.

JOURNEE DU 16 AVRIL 1917


·         3 h 30 : les hommes de première ligne se réveillent, se préparent et avancent jusqu'aux lignes ennemies


·         6 h : l'offensive est lancée, les hommes sautent les parapets et gagnent les premières lignes. L'assaut du côté français est donné le 16 avril à 6 heures du matin.


·         7 h : selon le député Jean Ybarnégaray : « La bataille a été livrée à 6 heures, à 7 heures, elle est perdue ». Le soldat Paul Clerfeuille note ainsi dans son journal : « la première vague part, mais est aux deux tiers fauchée par les mitrailleuses ennemies qui sont dans des petits abris en ciment armé. ».


·         14 h : premier communiqué officiel : « la lutte d'artillerie a pris un caractère de violence extrême pendant la nuit sur tout le front compris entre Soissons et Reims ». Le soldat Paul Clerfeuille écrit ainsi dans son journal : « Ordre nous est donné de creuser des trous individuels. Moi qui ai entendu parler du plan, je sais qu'à cette heure nous devrions déjà avoir passé Craonne et être dans la vallée de l'Ailette. Je dis aux camarades : « Ça ne va pas ! » c'était vrai. [...] le plan d'attaque du général Nivelle est raté. »


·         Selon J.F. Jagielski, les pertes s'élèvent à 134 000 hommes dont 30 000 tués pour la semaine du 16 au 25 avril.