15 février 1794 : Le pavillon national sera bleu, blanc et rouge
En 1124, face à la menace de l’empereur germanique Henri V, le
roi de France Louis VI brandit, en signe de ralliement, la bannière rouge sang de
l’oriflamme de l’abbaye de Saint Denis (en souvenir du sang versé par le martyr).
Depuis la réunion du Vexin français à la couronne par Philippe 1er
(en 1077), le roi a la charge de défendre militairement l’abbaye. Le rouge deviendra
la couleur brandit par les rois de France dans les heures de grand péril. Les révolutionnaires
parisiens reprendront à leur compte la couleur rouge qui deviendra le symbole
des luttes ouvrières au XIXème et XXème siècles (lors de la "Commune" puis par les différents partis communistes et les nations sous le joug de la dictature communiste - URSS, Chine...).
Le roi Philippe II Auguste part en croisade en 1188 et arbore
une bannière blanche avec une croix rouge de saint Georges. Le blanc est la couleur
de la monarchie et de la guerre. La croix de saint Georges rouge sur fond blanc
deviendra en 1420, la couleur des Anglais, alors que ceux-ci viennent de s’emparer
de Paris et de l’abbaye de Saint-Denis. Isolé à Bourges, les fidèles du Dauphin
arboreront une croix blanche sur fond bleu et se donneront Saint Michel comme
patron. Jeanne d’Arc se dotera d’un étendard blanc, symbole de sainteté. A la
fin du XVIème siècle, le futur Henri IV et ses compagnons protestants portent
une écharpe blanche (en opposition au rouge des troupes espagnoles et catholique ?).
Toujours est-il que le roi Henri IV en fera l’une des couleurs de référence de
la monarchie française. Cependant, il faudra attendre Louis XVIII pour que le
blanc soit la couleur de la royauté.
Au XIIème siècle, le bleu sera associé au manteau des saints
et symbole spirituel. Le bleu est aussi la couleur de la Vierge et à la cape de
saint Martin que les Capétiens porteront lors du Sacre. Il se retrouve aussi,
associé au rouge, sur le bonnet des partisans du prévôt des marchands Etienne
Marcel. Le bleu et le rouge seront les couleurs de Paris. Les révolutionnaires
parisiens porteront une cocarde bleu et rouge dès le début de la révolution.
On ne sait qui du général Lafayette, du maire de Paris Jean
Bailly ou du roi Louis XVI lui-même, a associé la cocarde bleu et rouge de
Paris à la cocarde blanche du roi. Déjà populaires, le bleu, blanc et rouge
rappelaient les couleurs des Etats-Unis d’Amérique que la France révolutionnaire
admirait.
L’association des trois couleurs émerge sous Henri IV qui les
recommande aux ambassadeurs hollandais qui en font l’emblème de leur marine
(aujourd’hui drapeau des Pays-Bas). On retrouve cette association sur le
drapeau luxembourgeois (ancienne colonie hollandaise). Au début du XVIIIème
siècle, le tsar Pierre 1er le Grand adopte les mêmes couleurs pour
ses navires. La Russie impériale puis la Russie actuelle en font également
usage. Les Serbes, alliés des Russes, les adoptent à leur tour et les transfèrent
sur le drapeau de la Yougoslavie.
Toujours est-il qu’on doit au pasteur André Jeanbon, député
à Montauban, le décret de l’assemblée de la Convention selon lequel « à
compter du 1er prairial An II [20 mai 1794], le pavillon sera formé
des trois couleurs nationales disposées en trois bandes égales posées
verticalement. » La décision est motivée par la nécessité de mettre fin
aux couleurs fantaisistes dans la Marine française, facteurs de confusion dans
les combats. Le peintre Louis David suggère que le bleu soit fixé à la hampe
(pour des raisons d’esthétiques).
Le choix de 1794 est confirmé en 1812 par Napoléon qui l’étend
aux régiments militaires.
La position verticale des couleurs est destinée initialement
à éviter la confusion avec le drapeau des provinces-Unies. Assimilée à la Liberté
et aux Droits de l’Homme, la position verticale sera reprise par la Belgique et
l’Italie entre autres.
La restauration retourne au drapeau blanc de la monarchie
(1815-1830). Louis-Philippe 1er revient au drapeau tricolore à tel
point qu’en 1848, les républicains hésitent à le reprendre. C’est le poète
Lamartine qui imposera le drapeau tricolore comme drapeau de la Seconde
République.
En 1873, le refus de Henri d’Artois, comte de Chambord, d’abandonner
le drapeau blanc, fera échouer le retour de la monarchie. Le 14 juillet 1880, Jules Grévy, président de
la République, remet le drapeau tricolore bleu-blanc-rouge à l’ensemble des
corps de l’Etat.
L’article 2 de la Constitution de 1958 donne une force
constitutionnelle au drapeau national.
©Laurent SAILLY pour Méchant Réac ! ® - mechantreac.fr