10 mars 1465 : Publication du « manifeste », base de la Ligue du Bien public
Dans un manifeste contre la politique de Louis XI, les grands
seigneurs du royaume, au nom du bien public, réclament la convocation des états
généraux, un allègement des impôts et la suppression des aides.
Louis XI est roi depuis 4 ans. Sa politique, menée en
réaction contre celle de son père Charles VII, suscite de nombreux
mécontentement tant du peuple que des bourgeois, de l’Eglise comme des nobles.
Les coalisés comptent parmi les plus grands du royaume :
Dunois, Chabannes, les ducs d’Alençon, de Bourbon, de Lorraine et de Bretagne,
le comte de Saint-Pol et surtout le futur Charles Le Téméraire, alors comte de
Charolais. A leur tête, le duc de Berry, frère du roi, a qui les ligueurs ont
promis la couronne.
Mais contrairement à leurs attentes, les rebelles n’arrivent
pas à entrainer derrière eux le pays. Le peuple et les bourgeois se méfient. La
petite et moyenne noblesses restent fidèles à Louis. Le bas et moyen clergé
sont éloignés des revendications de leur hiérarchie. Les conjurés doivent
chercher l’appui des princes allemands. Le roi reçoit des renforts des Liégeois
et du duc de Milan.
Le duc de Berry se réfugie auprès de François II de
Bretagne, démontrant au grand jour sa duplicité aux yeux du peuple.
Mi-mars, Jean de Bourbon, sans concerter la Ligue, lance les
hostilités. Louis XI, à la tête d’une armée bien organisée, contraint le duc à
demander une trêve dès le mois d’avril.
Le roi remonte alors vers Paris pour bloquer le comte de
Charolais qui se dirige vers la capitale du royaume. Les troupes bourguignonnes
se voient refuser l’entrée par les Parisiens. Le 13 juillet, il se replie sur
Etampes espérant rejoindre les troupes de François II, duc de Bretagne. Mais à
Montlhéry, entre Longjumeau et Etampes, les forces du roi de France rencontrent
celles de Charolais. La bataille est indécise. Le 20 juillet, les chefs de la
conjuration, réunis près d’Etampes, décident de marcher sur Paris.
En août, Louis XI va chercher des troupes fraîches en
Normandie. Ayant baissé les impôts, il obtient en outre la fidélité des
bourgeois et des magistrats qu’il fait entrer dans son Conseil. Une guerre d’escarmouches
se poursuit autour de Paris jusqu’à fin septembre. Louis XI décide d’en finir
et, en octobre 1465, par les traités de Conflans et de Saint-Maur, il offre la
Normandie à son frère en échange du Berry, rend à François II les droits de
régale sur les évêchés bretons et restitue au comte de Charolais les villes de
la Somme qui recouvre en outre ses domaines. Le comte de Saint-Pol est nommé
grand connétable. Le duc de Bourgogne reçoit la lieutenance générale en
Bourbonnais, Auvergne et Marche. Dunois récupère ses territoires. Les autres
conjurés n’ont rien, la Ligue est dissoute, plus personne ne parle du bien public.
Deux mois plus tard, profitant d’une querelle entre François
II et son frère, Louis XI récupère la Normandie. Charles de Berry reçoit en échange
le gouvernement du Roussillon. Pendant ce temps-là, les émissaires du roi
poussent les villes de la Somme à se soulever contre le duc de Bourgogne.